YUM YUM BOOK ~ R. Crumb

Par Tinusia

J'en connais au moins trois qui vont se frotter les yeux, crier au miracle, se dire que rien n'est jamais définitivement perdu, que la grâce m'a touchée, qu'il ne faut jamais désespérer de rien, que tout arrive à qui sait attendre... C'est Soukee, Emmyne et Anne-Sophie ! J'AI RÉUSSI À LIRE UNE BD !!! Même que j'ai compris tout, même que j'ai réussi à faire le lien entre les images et le texte, même que j'ai bien aimé ! Ça alors !

Il faut avouer qu'à mes yeux – et surtout à mes neurones – que... «ça ressemble à une BD, c’est dessiné et écrit comme une BD… mais ce n’est pas une BD». (Comprenne qui pourra !)

Je ne me souviens plus sur quel blog j'ai récemment lu un billet ; et j'en demande excuse ! Mais cette critique devait être bien élogieuse pour que j'en arrive à me dire que peut-être...

Je suis donc passée du « peut-être » au « pourquoi pas », puis du « pourquoi pas » au « allez, on essaie ».

Deux personnages : un certain Ogden, un crapaud triste et complexé ; une certaine Guntra, une jeune fille... plutôt monstre, plutôt ogresse. Pour que ces deux-là se rencontrent, il a fallu le truchement d'un haricot magique qui a emmené Ogden jusqu'au septième ciel. Pas tout de suite, le septième, quand même ; et puis je ne vais pas dévoiler la fin de ce beau roman d'amour impossible. Mais cette histoire de haricot grimpant et grimpeur ne vous rappelle-t-elle pas celle d'un Jacques le bien-nommé ? La fin... non ! Je n'en dirai rien, sinon qu'elle fait référence à un conte bien connu, très bien connu.

Pour créer cette histoire, il a fallu un certain Robert Crumb, né à Philadelphie en 1943, figure de proue du comix underground depuis les années soixante. C'est en 1963 qu'il commet son « œuvre ». Il a 20 ans, est « encore puceau » et veut témoigner de son amour pour Dana (qu'il épousera peu après lui avoir offert le livre). Si cette fable est autobiographique, je peux affirmer que l'auteur n'avait pas une très bonne image de lui-même, à cette époque ! Il n'est pas vraiment laid, Oggie, mais c'est quand même la représentation d'un petit personnage paumé, qui ne sait où traîner sa misère et son désarroi. Quant à sa dulcinée, elle est tout en rondeur, bien en chair, à la manière des muses de Rubens, de Boucher, D'Ingres ou de Renoir. Le problème, c'est qu'il brosse le portrait d'une croqueuse d'hommes de crapauds !

La fin... non ! Je n'en dirai rien, sinon que la plantureuse Guntra est peut-être une croqueuse d'âme...

Eh bien, oui ! Non seulement j'ai lu, j'ai compris, mais j'ai aussi aimé !