Qu’on m’entende bien, j’utilise le terme carnet de voyage au sens le plus élargi du terme. Cela recouvre les carnets que j’écrivais dans la seconde partie de mes vacances quand j’étais au lycée et que je viens de retrouver chez moi à Evian dans la cave, aussi bien que les carnets de photographies ou même d’aquarelles qui sont revenus au goût du jour, ou encore les recueils de textes littéraires de nos aînés quand la traversée de l’Europe était encore une aventure éducative et initiatique, avant qu’elle ne le redevienne récemment.
Bien entendu, il faut d'abord aller les chercher chez des éditeurs régionaux qui connaissent parfaitement les tracés secrets qui s’insinuent dans leurs paysages, mais peu à peu, tous les éditeurs ouvrent leurs portes à cette exploration du monde et de l'imaginaire.
J’ai parcouru les allées du Salon de Paris avec un certain effroi, après un certain agacement dû à l’attente. Après tout j’aurais dû me douter qu’à onze heures je ferai la queue et qu’un vendredi je serai décoiffé par les volées d’enfants plus ou moins bien contrôlés par leurs enseignants et cherchant les bandes dessinées. Mais je me rassure en me disant que le goût de la lecture et du voyage, comme de l’écriture de voyage, viennent aussi sans doute en suivant les aventures de Corto Maltese.
Découvertes
J’ai parcouru les allées, donc, en négligeant un peu les grands éditeurs de romans, avec l’idée de trouver des livres de voyage, disons cela ainsi et des livres de jardins. Je n’ai pas été déçu.
D’abord un hommage aux Editions du Rouergue qui font aujourd’hui partie d’Actes Sud. Un hommage qui vient de loin puisque c’est Danielle Dastugue, sa créatrice, qui a accepté en 1994 de se lancer dans l’aventure de la publication en quelques mois de l’ouvrage « Repousser l’Horizon. Itinéraires culturels pour le XXIe siècle ». Ancrée à Rodez, elle a longtemps innové du côté des Beaux Livres. Je pense à ces somptueuses maquettes consacrées aux portraits d’anonymes indispensables comme ce berger des Cévennes ou cette centenaire du Morvan. Sans oublier l’Aveyron, elle a basculé vers le roman où elle a déniché des perles. Je reviendrai sur les ouvrages consacrés aux jardins et au jardinage qui sont très complémentaires de ceux des éditions Actes Sud. Mais une partie significative du catalogue est aujourd’hui consacrée aux « Carnets de Route » où se croisent le carnet des musées de Paris, avec celui de la Transhumance dans les Cévennes, le chemin du Puy à Conques par le chemin des pèlerins, voire celui de Robert Louis Stevenson. Toute une série consacrée à l’architecture vernaculaire (Toits et murs végétaux, matériaux naturels…) vient compléter cette promenade entre nature cultivée et cultures traditionnelles pour mieux comprendre les rapports des matériaux et des hommes.
Plusieurs éditeurs sont par ailleurs tout à fait spécialisés. Les éditions Ginkgo ont su retrouver des mémoires inédites. Ainsi celles d'un contemporain de Molière, Jean-François Regnard qui découvre en 1681 la Laponie et le Cap Nord ou le Tour du Monde d’un Barcelonette d’Emile Chabrand de 1882, récit d’un émigrant né dans cette petite ville des Alpes de Haute Provence, pour terminer avec le Récit d’un voyage à pied à travers la Russie et la Sibérie tartare, des frontières de Chine à la mer Gelée et au Kamchatka par John Dundas Cochrane en 1820.
Les éditions Magellan présentent plus de quatre-vingt ouvrages avec GEO sur les pas des écrivains voyageurs du XIXe siècle, bien au-delà de l’Europe. Si on peut gravir les pentes de l’Etna avec Maupassant, découvrir Anvers avec Théophile Gautier, Bruges avec Victor Hugo, la Hollande avec Paul Verlaine et Bruxelles avec Octave Mirbeau, on peut aller vivre également au Caire deux ans à l’instar de Gérard de Nerval, ou s’installer en Chine continentale comme Catherine de Bourboulon.
Une initiative tout à fait intéressante a été lancée par l’Institut Culturel Roumain de Paris autour du vagabondage littéraire avec une table-ronde et une petite exposition sur « Panaït Istrati, le vagabond du monde ». Ceci dit l’opération ne sera pas seulement ponctuelle puisque vient de s’ouvrir un concours littéraire, Prix du vagabondage 2012 « Noter la Roumanie » portant sur des écrits courts sur des voyages réels ou imaginaires en Roumanie. Les vingt textes sélectionnés par le jury seront publiés dans un livre présenté au Salon du livre 2013.
A noter que jusqu’au 31 mars, l’exposition « Transhumance : photographies de Dragos Lumpan et Gaëtan Rousselet est visible Galerie Rue de l'Exposition, 1 rue de l'exposition Paris 75007.
Autres rendez-vous
Les salons du Livre en France ne manquent pas, mais je vous conseille un prochain rendez-vous à l’Escale du Livre les 30, 31 et 1er avril 2012, Quartier Ste Croix à Bordeaux.
Du vendredi 30 mars au dimanche 1er avril (10h à 19h) se tiendra à Paris (Porte de Versailles) la 28e édition du Salon des nouvelles randonnées, « Destinations nature ». Ce salon se déroulera cette année dans le hall 6 rénové. L’invité d’honneur est la Suisse et la thématique mise en avant est l’eau. Comme chaque année, le stand « Chemins d’étoiles » y sera consacré aux chemins de pèlerinage : chemins de Saint-Jacques-de- Compostelle, du Mont-Saint-Michel, de Saint-Martin-de-Tours, etc. Des membres de l’association Compostelle 2000, du Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours et de l’association Les chemins de saint Michel s’y relaieront notamment pour informer les visiteurs du salon qui veulent partir sur ces chemins de pèlerinage. Différents ouvrages y seront aussi en vente. (Gaëlle de la Brosse. Mail : [email protected]
Enfin, puisque nous évoquons les carnets de voyage, il existe un rendez-vous annuel à Clermont Ferrand préparé toute l’année par l’Association « Il Faut Aller Voir ». Prochaine édition du 16 au 18 novembre avec pour thèmes : la péninsule ibérique et l’Amérique latine.