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A 120 ans de distance, en visionnaire acéré de l'intime, le philosophe nous livre son " Dernier Homme ", curieuse réplique anticipatrice de notre homme de la rue d'aujourd'hui... Avant de nous confier son chef d'oeuvre " Ainsi parlait Zarathoustra ", épopée initiatique du dépassement de l'homme ... par l'homme.
Alors que notre modernité agonise, la pensée de Nietzsche rayonne, suggère, stimule, métaphorise, explose. Par aphorismes courts, incisifs, ciselés. Pensée toujours dialogale. De soi à soi. De soi à l'autre. Face à la défaite programmée d'un cerveau gauche tyrannique, impuissant, stérile, réducteur, voire falsificateur, force est d'ouvrir les portes : l'image, la métaphore, le symbole, en vecteurs neufs, élèvent les âmes vers le divin. Préfiguration, déjà, des" images-signes " de Levi-Strauss incorporant au sens de l'existence une " épaisseur d'humanité ".
A l'Apollon lisse et ordonné d'une civilisation conforme et policée, Nietzsche oppose le modèle d'un Dionysos nocturne, fougueux, iconoclaste : celui d'une barbarie extatique et créative. Le philosophe récuse Apollon et promet Dionysos. Un Dionysos " Antéchrist ", frère jumeau de Shiva : dieu destructeur... parce que créateur. Créer, n'est-ce pas déconstruire d'abord avant de reconstruire autrement ?... Créer un nouveau " Comment vivre " en régénérant la vie de l'intérieur.
" Volonté de puissance " ?... Volonté " vers la puissance ", plutôt. Tension vers. Désir de. Volonté pour. Appétence dionysiaque, moteur de notre évolution. Incarnation d'une volonté toute neuve, fruit de notre processus cosmique enfin assumé. Souffle de l'Esprit.
Nietzsche est passé par là. En mystique de l'Eternel retour.