Dès les première pages, j’ai senti des démangeaisons, qui n’ont fait que s’aggraver… Douleurs au ventre, ballonnements… Symptômes bien connus : indigestion ! Cette liqueur-là passe mal.
Denis est doublement handicapé, déficience mentale dès la naissance ; on accuse les médecins. Ensuite, le tracteur passera sur notre infortuné Denis, qui sera aplati, selon les mots de l’auteure, qui ne manque pas d’un certain humour corrosif dans les moments les plus sinistres… L’histoire est présentée comme personnelle et vraie.. J’avais du mal à le croire, mais la biographie tend à le prouver : c’est bien du vécu, l’auteure nous parle de son frère…
Bon alors, l’indigestion menace… Le malaise semble volontairement entretenu, car excepté quelques balades dans la nature, tout exhale la douleur, la mort, la maladie. Le moindre événement est prétexte pour ajouter encore du drame ; un jeune du voisinage qui meurt, lui aussi trisomique, la mère qui se met à boire, manquait plus que ça, le père qui abdique… Malgré tout je poursuis ma lecture, ballonné… Et voilà un autre registre : le petit Denis, qui pèse à présent cent kilos (deux tonnes dira l’auteure qui mélange humour et gravité – ça ne prend pas toujours), le petit gros Denis donc est placé en établissement trois jours par semaine. Le ton devient plus mordant, accusateur vis-à-vis de l’établissement et des infirmières, dont pas une ne sort indemne. Tout est catastrophe… Le personnel se serait permis de fumer devant ce pauvre Denis et ses congénères, non mais rendez-vous compte, certains ont des déficiences respiratoires, ils auraient pu y rester ! De fil en aiguille, c’est toute la société qui est stigmatisée, les amis qui se détournent, les gens qui n’ont pas la bonne attitude… Et puis cette famille est décidément bien étrange. Les parents font preuve d’une drôle d’ambivalence, en jurant d’un côté que le petit ne serait mis en institution pour rien au monde, mais en l’y mettant quand même en internat de 6 à 12 ans, et en externat à l’âge adulte. Une sorte de double langage, on s’affole pour le petit, tout en l’enfermant dans une prison blanche… Le lecteur a envie de secouer cette famille de pleurnicheurs, à moins que ce soit le ton pathétique de l’auteure qui donne cette impression.
Cette lecture n’est pas déplaisante, loin de là, mais l’auteure l’enrobe de grosses larmes dégoulinantes, alors que tout était en place pour un récit attachant. Le ton hésitant entre sarcasme et tristesse n’arrange rien. Voilà un livre qui aurait pu être excellent et qui sombre dans le méli-mélo, à ce titre je lui décerne mon célèbre « burps ».
Bon personne n’a des pastilles pour la digestion ?
Petit frère l’Orage – Marieke Aucante. Éditions Albin Michel
Date de parution : 01/02/2012