Le volume s'est un peu fait attendre, mais ai-je le droit de faire l'impatient alors qu'on me l'a offert ? Voici en effet le deuxième livre de cette deuxième opération "Masse Critique" : Marguerite et Minon, un album jeunesse destiné aux plus jeunes.
La première impression est colorée, le volume est agréable dans les mains des parents, et les pages sont solides pour celles des enfants... La mise en page est aérée et généreuse, les dessins et le textes s'inscrivent sur un fond blanc quasi indifférencié : peu d'objet ou de meubles entrent dans le décor qui est représenté, et c'est plutôt à l'enfant de reconstruire par l'imagination... ce qui ne figure pas sur la page, ce qui n'est que suggéré par l'histoire.
Les dessins utilisent deux techniques plutôt étrangères l'une à l'autre : l'encre noire (fuseau ?) et le "gribouillis" (crayons de cire ?). Cela donne un style éclectique agréable pour l'œil, et permet à l'auteur de poser des ambiances contrastées : inquiétante, gaie, légère, triste.
Sur le plan du dessin, c'est un sans faute, et à la relecture - immédiate ! - du volume, ça fonctionne encore mieux.
Hélas, cent fois hélas, il y a un hic : l'histoire. Certes le texte est plutôt simple, aisément mémorisable. Des mots sont mis en avant, de sorte que la lecture faite par un "grand" peut facilement trouver des repères pour poser des intonations qui feront réagir le "vrai" lecteur : celui qui ne lit pas mais qui écoute dans un silence religieux... Mais dans le texte déjà apparaît la faiblesse de Marguerite et Minon : l'histoire n'est composée que d'une succession de "Quand Marguerite fait ceci, alors Minon fait cela", avec une petite fille dans le rôle de Marguerite, et un chat pantouflard dans celui de Minon. Au départ, ça peut sembler mignon... mais on attend désespérément un événement, un peu d'inattendu... voire, plus grave : un thème ?
C'est peut-être ringard de voir la littérature jeunesse à travers cette vieille école du thème abordé, mais dans le cas de ce volume, il m'apparaît que le thème fait vraiment défaut : on referme le volume, après deux lectures successives, sans avoir la moindre envie d'y revenir. Malgré le dessin très sympa, malgré un style plutôt affirmé, malgré la relative simplicité du ton.
Et ça donne le sentiment que ce petit volume n'est qu'esthétique. Un caprice d'auteur qui oublie complètement celui ou celle à qui il s'adresse. Dommage.
20 pages, éd. Art et poésie - 9,50 €