C’était le temps des grosses louchées. Des scénarios bétonnés, qui calculaient quasiment à la lettre près l’instant propice pour relancer l’action ou la pimenter d’une intrigue nouvelle. Je ne sais pas si aujourd’hui on écrirait de la même façon l’histoire de ce film, malgré un Lino Ventura très à l’aise dans son contre emploi. Une fois le système bien assimilé, vous vous amusez à chercher l’indice qui va faire dérailler le récit, ou mieux, bien aguerri, vous le précédez. Quand je dis que plusieurs scènes sont téléphonées, c’est à la fois au propre et au figuré…
C’est à mon avis du Kafka à la petite semaine que cette aventure peu commune qui emporte un marin en escale à Barcelone, dans des situations de plus en plus inextricables. Ce qu’il croit voir et entendre, n’est qu’illusions, lui dit-on, hallucinations renforcées par l’attitude de la police tout aussi incrédule quand à l’histoire qu’il raconte.
Avec Jean Bouise dans le rôle du directeur d’une maison de repos bien étrange, il ne fallait peut-être pas s’attendre à autre chose. Notre héros s’y retrouve endormi .Pas très net le toubib avec son interrogatoire à la flic…Et quand après quelques meurtres auxquels ce brave Lino ne comprend bien évidemment rien, il se rend à la police, on le met en garde « il faut s’en méfier, elle a trop d’imagination.. »
Une remarque bien fondée, dans une histoire de plus en plus abracadabrantesque .C’est tellement énigmatique, tellement appuyé , que l’effet recherché se retourne à la longue contre ses concepteurs ; la mise en scène repose beaucoup trop sur les entourloupes du scénario.Sans y participer, elle en devient lourdingue. C’est la même mécanique qui se répète et qui lasse. Et comme à la fin, on n’en sait pas plus, on passe à autre chose…
LES SUPPLEMENTS
« Kafka à Barcelone : la métamorphose de Jacques Deray » de Pierre-Henri Gibert ( 35 mn )
Même à l'ambassade de France on ne veut pas croire à son histoire ....
Jean-Claude Carrière, Agnès Vincent-Deray, Henri Lanoë et Pierre Lenoir se rappellent la manière dont Jacques Deray a conduit le projet à son terme, alors qu’à l’origine, c’était la ville d’Anvers qui avait été retenue. On apprend beaucoup sur et autour du film. Ou l’itinéraire d’un cinéaste, à l’apparence très sévère. « Il ne supportait pas de voir un technicien lire un journal, même si il n’y avait rien à faire. Il n’y avait que le cinéma, qui comptait.Il avait ainsi interdit à toute l’équipe de quitter Barcelone, même quand on ne tournait pas ».
Bandes-annonces
DVD : 16,99 € ttc Prix BLU-RAY: 19,99 € tt