L’Arrivo di Wang
Résumé : Jeune traductrice spécialisée dans la langue chinoise, Gaia (Francesca Cuttica) est contactée par une agence gouvernementale pour une mission particulière. Elle doit participer à l’interrogatoire d’un étranger en situation irrégulière en Italie, le mystérieux Wang, mais sans avoir le droit de voir son visage. Après plusieurs essais infructueux, Gaia demande à pouvoir lire sur les lèvres de son interlocuteur, et découvre avec stupeur que celui-ci est en fait un extraterrestre…
Les frères Manetti font partie de la nouvelle vague des réalisateurs italiens tentant de ressusciter le cinéma de genre dans leur pays. Après avoir touché à la comédie fantastique, à l’horreur et au thriller, et avant de s’attaquer au giallo, ils proposent avec L’Arrivo di Wang une fable philosophique à huis clos. L’Arrivo di Wang montre en effet l’affrontement psychologique entre une jeune traductrice choquée par les méthodes d’interrogation pratiquées sur un extraterrestre fraîchement débarqué sur Terre, et l’homme en charge de mener l’interrogatoire.
Malgré le lieu unique et le nombre réduit de personnages, les frères Manetti se débrouillent plutôt bien pour maintenir un bon suspense quasiment tout le long de leur film, malgré une légère baisse de rythme dans le dernier acte, qui traîne un peu en longueur (on sent que les réalisateurs et scénaristes tirent un peu sur la corde pour atteindre les 80 minutes). Les effets spéciaux donnant vie au fameux Wang sont des plus réussis, et la jeune Francesca Cuttica tient avec aisance la dragée haute au vétéran Ennio Fantastichini (peu connu en France, l’acteur a plus de 70 titres à son actif). Les frères Manetti s’interrogent avec intelligence sur la pertinence du traitement infligé au pauvre Wang (torture psychologique puis physique) et l’obstination des agences gouvernementales de voir des ennemis dans tous les étrangers. Un reflet assez pessimiste et réaliste de la situation internationale moderne.
Malheureusement, les réalisateurs cassent tout ce bel édifice soigneusement mis en place par un twist final assez malvenu, certes très Quatrième Dimension dans l’esprit, mais rentrant quelque peu en contradiction avec le message jusqu’ici développé. Dommage, car avec quelques ajustements, L’Arrivo di Wang aurait pu avoir une beaucoup plus grande portée philosophique et politique…
Note : 6/10
Italie, 2012
Réalisation: Antonio et Marco Manetti
Scénario: Antonio et Marco Manetti
Avec : Francesca Cuttica, Ennio Fantastichini, Li Yong, Juliet Esey Joseph
Rites of Spring
Résumé : Après avoir enlevé la fille d’un riche industriel, un groupe de kidnappeur se retrouve dans un bâtiment abandonné pour attendre la livraison de la rançon. Malheureusement, leur plan va se retrouver contrarié par un sanglant rituel ayant lieu tous les ans dans la région au printemps…
Premier film du réalisateur Padraig Reynolds, Rites of Spring ne pourra que plaire aux fans du Jeepers Creepers de Victor Salva, dont il reprend en partie le concept de la créature revenant régulièrement, et du Une Nuit en Enfer de Robert Rodriguez, dont il reprend la construction en deux temps (un début orienté thriller, qui vire ensuite au surnaturel). Un film définitivement sous influence (avouées par son réalisateur), mais cela ne l’empêche pas d’avoir son identité propre. Le premier mérite de Reynolds, c’est de tenter de bâtir une mythologie qui lui est propre, inspirée des rites païens célébrant la venue du printemps, dans la veine de The Wicker Man et Les Enfants du Maïs. Le réalisateur / scénariste parsème son film de nombreux indices, sans pour autant tout expliciter, ce qui ne rend le film que plus intrigant. S’inspirant ouvertement des films d’horreur des années 70, il prend aussi la peine de développer ses personnages et de les rendre suffisamment humains et crédibles pour que l’on craignent pour leur vie lorsque le bain de sang commence. Le mélange polar – film d’horreur fonctionne plutôt bien, même s’il faut avouer que l’intrigue concernant le rituel passionne un peu plus que celle concernant le kidnapping (les deux intrigues sont suivies en parallèle avant de se rejoindre). C’est réellement dans sa deuxième moitié, lorsque Reynolds dévoile son intéressante créature, que le film prend son envol et se transforme en un excellent tour de train fantôme, prenant et excitant.
Par chance, Padraig Reynolds évite la plupart des écueils des premiers films : Rites of Spring ne fait pas cheap (la créature est notamment assez impressionnante), et n’est pas prétentieux. Il propose un univers riche et propice aux développements futurs (deux suites sont déjà prévues), et est avant tout un spectacle pensé pour le public. Reynolds, qui fait preuve d’une bonne maîtrise et par chance ne se regarde pas filmer, se montre particulièrement généreux, que ce soit dans l’action ou les scènes de meurtres, très slasheresques. Il a su de plus s’entourer d’un groupe d’acteurs peu connus mais solides (dont A. J. Bowen, vu dans The Signal, House of the Devil et Butcher 2) qui donnent une bonne crédibilité à leurs personnages.
Bref, on ne s’ennuie pas, on passe un très bon moment devant le film, et on attend même avec un certain intérêt de voir comment la mythologie va se développer dans les futures suites…
Note : 7/10
Etats-Unis, 2011
Réalisation: Padraig Reynolds
Scénario: Padraig Reynolds
Avec : AJ Bowen, Anessa Ramsay, Katherine Randolph, Marco St. John, Sonny Marinelli
The Raid (Serbuan Maut)
Résumé : Une équipe d’élite de la police indonésienne décide de partir à l’assaut d’un immeuble totalement sous la coupe du caïd local. Une mission à haut risque qui ne tarde pas à tourner au fiasco, l’unité se faisant décimer. Les quelques survivants tentent de s’organiser pour survivre et peut-être mener à bien leur mission.
Le réalisateur britannique Gareth Evans, exilé à Singapour, avait fait sensation en 2009 avec le film d’action Merantau, mettant en scène la nouvelle révélation du cinéma d’action, l’acteur Iko Uwais. Cette année, le duo remet le couvert avec The Raid, un pur actioner représentant probablement le fantasme ultime de l’amateur de film d’action. Le pitch est très simple : un immeuble rempli de truands, une équipe d’élite de la police, un affrontement sauvage.
The Raid va donc droit au but, et propose des affrontements variés et d’une violence parfois assez incroyable. Armes à feu, armes blanches (poignards, machettes…), poings, éléments du décor, absolument tout y passe, à mesure que les personnages progressent dans l’immeuble et utilisent toutes leurs munitions, ce qui fait que le film tombe rarement dans la redite. Les acteurs sont quasiment tous des artistes martiaux accomplis, ce qui fait que les scènes de combat sont vraiment impressionnantes (on se demande d’ailleurs comment ils ont fait pour ne pas tuer la moitié des cascadeurs durant le tournage), notamment le combat final, qui dure plus de 10 minutes et devant lequel les actioners américains récents font pâle figure. Gareth Evans, dont c’est seulement le troisième film, fait preuve d’une virtuosité assez bluffante dans la mise en scène de ces moments de bravoure, le montage et la réalisation s’avérant d’une clarté et d’une fluidité rare, couplés à un dynamisme de tous les instants. The Raid réserve aussi quelques moments d’intense suspense, notamment lorsque le héros accompagné d’un de ses collègues blessé, se cache dans la double paroi d’un mur d’appartement alors que les bad guys le recherchent.
Et même si le scénario n’est qu’un prétexte pour lier au minimum les scènes d’action, le charisme des acteurs suffit souvent à rendre les personnages intéressants. Le héros, incarné par le charismatique (tout autant qu’impressionnant par ses prouesses physiques) Iko Uwais, a en effet une raison bien personnelle de se lancer dans cette mission suicide : retrouver son frère passé du « côté obscur ». Des liens familiaux qui donnent un chouia plus de profondeur au film et permettent de s’attacher aux personnages. Face au héros, Ray Sahetapi et Yayan Ruhian campent d’excellents bad guys, sadiques et sardoniques.
Bref, The Raid est probablement l’un des films d’action les plus impressionnants vus sur un écran de cinéma ces dix dernières années. Ce n’est certes pas du Shakespeare, mais vu la virtuosité et la tenue visuelle de l’ensemble, il serait vraiment dommage de se priver de cet excellent rush d’adrénaline. On souhaite bon courage au remake américain déjà prévu pour arriver ne serait-ce qu’à la cheville de ce film…
Note : 9/10
Indonésie, 2012
Réalisation: Gareth Evans
Scénario: Gareth Evans
Avec : Iko Uwais, Ray Sahetapi, Yayan Ruhian, Ananda George, Pierre Gruno