Pour John Wayne Gacy, il semble bien que, pour nos deux auteurs, son crime le plus horrible soit d'avoir été à la tête d'une petite entreprise, rejoignant du coup, fût-ce à une modeste échelle, le patronat américain. Mais c'est quand ils en arrivent à Jeffrey Dahmer que Simon & Pujol atteignent au summum. La préférence sexuelle de ce dernier le portait vers les hommes noirs ou asiatiques. Ici, cette caractéristique est retournée comme un gant, de manière à prouver que Dahmer tuait par racisme et non, comme cela a été établi et comme il l'a toujours revendiqué, pour conserver auprès de lui "des amis à qui parler". Et le tandem de glisser incidemment dans son texte que Dahmer avait "un nom allemand." (!!!!)
Comment, avec de telles extrapolations qui ne reposent sur rien et qui vont même à l'encontre des faits établis, comment accorder un crédit valable au travail de Simon & Pujol, même quand ils pointent du doigt les conditions très souvent difficiles dans lesquelles se déroula l'enfance d'un Ricardo Ramirez ou d'un Henry Lee Lucas ? Les vérités contenues dans leur livre - car il y en a - se diluent dans leur démonstration qui veut que la société américaine, dans ce qu'elle a de plus triomphant et aussi de plus opposé aux régimes d'obédience marxiste, soit la Grande et Seule Vraie Responsable de l'existence des tueurs en série aux USA. A trop vouloir faire l'ange, c'est la bête que l'on fait : ils auraient dû y réfléchir.
Bien qu'il ait pour prétexte le phénomène des tueurs en série, ce livre parle surtout politique et idéologie. On peut donc passer son chemin sans regrets. Pour une étude des serial killers américains, prenez plutôt Bourgouin qui, lui, traite le sujet à fond et sans aucun parti pris. ;o)