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L’origine grecque du mot, paradoxos, prouve que cette réaction nécessaire à une certaine paresse de la pensée ne date pas d’hier. Formé de para, « contre », et doxa, « opinion », paradoxe signifie littéralement « qui va à l’encontre de l’opinion commune », et chacun sait que l’opinion commune est, à l’exception de toutes les autres, la plus mauvaise des opinions. »
Claude Gagnière poursuit ce chapitre de son livre Pour tout l’or des mots (publié en 1996) en donnant quelques exemples :
« Le paradoxe s’appuie sur une vérité admise par tous afin d’en prendre le contre-pied :
Pour bien tuer un ours, vendez d’abord sa peau. (Cocteau)
Il n’est pas interdit de faire reposer un paradoxe sur un jeu de mots. Prenez La Fontaine et sa fable Les Animaux malades de la peste, dont la conclusion est célèbre :
Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Il est surprenant que personne, à notre connaissance, n’ait remarqué qu’il suffisait d’en inverser les termes pour obtenir une autre vérité qui aurait pu s’appliquer, celle-là, à l’Afrique du Sud, aux Etats-Unis et, de temps à autre, à notre Europe :
Selon que vous serez blanc ou noir, les jugements de cour vous rendront puissant ou misérable. »
Autres exemples :
Un méfait est rarement perdu. (Gilbert Cesbron)
La raison du meilleur est toujours la plus forte. (Victor Hugo)
L’homme est le passé de la femme. (MLF)
Il faut prendre à César ce qui ne lui appartient pas. (Paul Eluard et André Breton)
A vous d’en écrire, des paradoxes, main tenant, dans les commentaires ci-dessous.