Une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert sur ce site.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique.
"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire: moi. C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
THE SMITHS de The Smiths
1984. J'ai 12 ans. The Smiths lançait en Amérique son tout premier album.
J'adorerais ce groupe à l'axe impeccable Marr/Rourke/Joyce et au chanteur à la voix de fromage fondant.
Sur l'heure du diner de mon école secondaire, errant dans un centre d'achats où je ne vais généralement jamais, je bifurque naturellement vers une boutique qui vend de la musique. Je n'ai pas d'argent sur moi.
"Qu'est-ce qui joue présentement?" que je demande au commis.
"The Smiths, les vinyles et les cassettes sont juste en arrière de toi, ça vient de sortir" qu'il me répond.
Après un long moment à consulter les environs, à écouter davantage du disque qui joue en magasin mais surtout à étudier le regard du seul commis en magasin, je glisse subtilement une cassette dans la poche de mon manteau et je quitte les lieux.
Je suis un démon.
J'écouterai cette cassette sans cesse dans la chambre de mon sous-sol ou sur la patio, toujours avec le même sentiment de plaisir renouvellé. Particulièrement au début de l'été. En 1988, l'amoureuse de l'époque sera aussi une grande fan de The Smiths, ce qui facilitera les rapprochements.
28 ans plus tard, l'effort de Stephen Morrissey, Johnny Marr, Andy Rourke et Mike Joyce est toujours une oeuvre maitresse dans mes envies d'écoute les jours de printemps qui ont des échos d'étés. À défaut d'avoir trouvé un album irlandais en cette fête de mes ancêtres, je vous ai trouvé un band dont les membres sont tous d'origine irlandaise. (Anecdote comique: Morrissey avait auditionné au préalable pour être le chanteur de The Clash!!!Vous imaginez White Riot chantée par Morrissey? Haha! Mick Jones et Paul Simonon l'avaient trouvé...trop effeminé...)
J'ai encore la cassette dans un tiroir de mon garage. J'ai encore un immense amour pour cet album.
J'ai encore les yeux noisettes d'une jolie rousse qui trainent dans mon subconscient d'amant éploré.
Un compliqué trajet de multiples rallonges électriques passait par une embouchure de la fenêtre du bureau de mon père pour se rendre au patio extérieur derrière la maison où je m'installais pour lire et brancher ma radio-cassette (que c'est ancien!) j'écoutais régulièrement l'album dont la face A (AN-CIEN!) commençait invariablement avec une fort agréable ballade autour de la fontaine. La chanson contient la phrase Slap me on the patio qui est assurément à la source inconsciente de mon désir de m'installer justement sur le patio (pas que je savoure les baffes, bande de dégénérés, parce que "patio"!), la chanson contient aussi la merveilleuse ligne "15 minutes with you, ooh I wouldn't say no" agréable à se chanter mentalement quand on croise une amourette adolescentine. Sous des airs bon enfant, cette chanson traitant de la perte de l'innocence et de l'abus physique sur les enfants est toutefois très dure.
Le second morceau est l'un de mes préférés. Le rhytme y est tout à fait dans mes cordes. Marr, Rourke et Joyce sont réglés comme des horloges les uns sur les autres. Morrissey y joue de sa voix de manière fort originale (en tout cas en 1984). I've seen you smile but i've never really heard you laughed. Une chanson qui capture l'urgence du son motown avec une guitare inspirée de la part de Johnny Marr.
Miserable Lie est une première tentative de Morrissey afin de confesser son homosexualité. J'adore l'idée de détourner la chanson comme on détournerait un avion en plein vol. Écoutez la chanson à 0:41 puis avancez-là à 2:49, on ne croirait jamais que c'est la même chanson. J'aime beaucoup.
À nouveau, Morrissey confesse subtilement son homosexualité en empruntant le titre du morceau suivant à Jack Kerouac. La section rhytmique de cette chanson est à nouveau un bijou. Rourke à l'un des bassiste les plus sous-estimé à mes oreilles. La chanson se termine sur les premières lignes d'une chanson qui reviendra plus tard.
La pièce qui fermait la face A est sublime et défie toute les époques.
En amérique nous avions le privilège d'avoir ce morceau supplémentaire en ouverture de Face B. Pour moi l'intro (le premier 15 secondes) est encore aujourd'hui l'hymne de l'effervescence estivale. Même si moi ce qui m'intéresse ce sont plutôt les charmantes dames...Il y a des références à la nouvelle irlandaise Loving de Henry Green (Ah! A jumped-up pantry boy...) qui raconte l'histoire d'un jeune homme qui accepte un blâme de son employeur pour l'amour d'une jeune fille alors qu'il n'est coupbale de rien. Fataliste à souhait. C'est en entendant une chanson d'Aztec Camera que Marr et Rourke se sont senti obligés de les concurrencer dans le rythme et ont écrit ceci d'un jet.
Still Ill comment cette chanson ne peut-elle pas faire écho à un jeune pré-ado? England is mine - it owes me a living. But ask me why, and I'll spit in your eye. Il y a un esprit de rébellion et d'affront qui était (est encore?) propre à mon être-en-devenir.
La voilà la chanson qui commence avec "une main dans un gant et le soleil qui vous sort du cul". Et une superbe intro. l'harmonica est un intrument magique. Cette chanson me rend merveilleusement heureux. Je la chante à plein poumons et fait un parfait idiot de ma personne. Est-ce important? I really don't know and I really don't caaaaaaaaaare.
Facilement l'une de mes préférées de cet album et l'une des plus électrique des pièces de ce premier album de The Smiths. (il y a 2 minutes de trop sur l'hyperlien). Morrissey la déteste. Pas moi.
J'adore la fondation rhytmique bâtie par Marr, Rourke et Joyce sur le morceau suivant. Et le ton aigre-doux de l'ensemble. Morrissey offrira cette chanson à son idole Sandie Shaw quelques années plus tard.
Le dernier morceau est un déchirant et douloureux morceau traitant des horribles meurtres d'enfants de la Lande commis à Manchester en 1965. Morrissey deviendra un proche d'une des mères des victimes (Mme West). Lesley Ann Downey et John Kilbride, deux victimes, sont mentionnés dans la chanson.
Cet album est pour les incurables romantiques, les nostlagiques, les fatalistes, pour les filles qui veulent zyeuter une belle pochette (ou les hommes d'une autre allégance de désir sexuel). C'est un album qui vous laissera avec des impressions d'amour condamnés d'avance(au mieux) et de vie de jeune adulte ruinée (au pire).
Mais avec de sapré bon et immortels beats (à mes oreilles).