« C’est de la chick lit », a affirmé Elisabeth Locas lors d’une entrevue accordée à RDI. C’est de bon augure quand une auteure assume le genre dans lequel elle écrit. Elle a tout à fait raison de le dire, on y retrouve la facture chick lit.
La jeune femme que l’on suit dans chacun de ses déplacements de reporter est une héroïne comme il s’en fait dans le genre. Elle a une capacité herculéenne, mais ne le réalise pas. Elle peut travailler jusqu’à 18 heures par jour pour percer dans le milieu journalistique, sans que son statut de jolie femme blonde y soit pour quelque chose. Autant il existe le profil de la femme qui aime trop, celui de celle qui travaille trop prend sa source d’une confiance en soi déficiente. Comme dans l’amour, ça pousse une personne à se rendre indispensable. Évidemment dans ce cas-ci, ses patrons masculins en abuseront sans vergogne et, chick lit oblige, tous les hommes seront pendus à son charme et à sa beauté, alors qu’elle ne se trouve même pas jolie. Au fait, elle ne réalise pas grand chose, ce qui devient le principal levier soulevant les nombreux rebondissements de l’histoire.
Nous accompagnons donc Maxime, 27 ans, tout au long de son apprentissage vers l’intériorisation. Un paradoxe bien pensé que cette reporter qui, de par son métier, est toujours sur le qui-vive des événements extérieurs, passant à côté de sa vie intérieure. Elle se fuit. Aussitôt qu’elle ne travaille pas, elle remplit le temps. C’est le party, les rencontres avec ses amies, les bouffes avec un ami de toujours, ses visites réconfort chez une vieille dame. Sans oublier, ses parties de sexe, très captivantes d’ailleurs.
Même si, au départ, j’ai dû m’acclimater à l’étouffement procuré par ce face-à-face avec un être égocentrique, j’ai apprécié ma lecture et ce, pour plusieurs raisons. Pour les révélations sur la vie d’un reporter au journal télévisé. Pour les captivantes scènes de sexualité décrites sans mièvrerie ni vulgarité. Pour les clins d’œil à la littérature. Pour les valeurs qui percent à travers une histoire convenue qui peuvent pousser à une réflexion sur l’apparence et le sens de la vie. Mais je donne la palme au style rythmé, maîtrisé. On dirait que l’auteure a écrit des romans toute sa vie. J’y ai trouvé une habileté indéniable à découper les scènes par séquences. L’histoire est ordonnée et fourmille d’un visuel détaillé.
Fait notable, j’ai apprécié ma lecture jusqu’au bout, tout en sachant ce qui allait arriver. Ce qui me fait dire une fois de plus, qu’en littérature, les moyens utilisés comptent autant, sinon plus, que la fin.
Titre lu dans le cadre de La Recrue du mois, en repêchage.
Désirs, vertiges et autres folies, Elisabeth Locas, Les Intouchables, 2012, 410 pages