M83 + PORCELAIN RAFT @Rocher de Palmer, Bordeaux, 14/03/12
On n'a pas vraiment compris pourquoi, mais l'annonce, en automne dernier, de la venue de M83 à Bordeaux a rendu tout le monde dingue. A tel point que ça a été très vite archi-complet et que l'I.Boat, qui organisait le concert, a dû déménager la soirée au Rocher de Palmer, histoire que tout le monde rentre dedans. C'était une bonne idée parce que même là-bas, les places sont toutes parties, alors que la capacité de la salle est de 1200 personnes, quand même. Putain, y a vraiment 1200 Bordelais qui veulent voir M83 ?
Le changement de plateau est l'occasion de remarquer que le public au Rocher de Palmer n'est pas celui que l'on a l'habitude de croiser dans les caves bordelaises. Il y a fort à parier même que pour la plupart des personnes ici, c'est le premier concert de leur vie. Ca explique pourquoi j'ai pu entendre autour de moi "Oh je suppose qu'un concert ça dure environ deux heures" et "C'est qui les mecs sur scène là ?" - des techniciens ducon. Un nombre important de bolosses constitue le public, ils crient pour un rien et filment tout avec leur smartphone. "Midnight City" passe sur Virgin Radio, la voilà l'explication des 1200 personnes pour un groupe comme M83.
La première chose qui saute aux yeux, c'est que M83 se donne les moyens. Entrée théâtrale avec samples de voix et monstre qui fait une apparition inutile (celui de la pochette du single de "Midnight City"). Cela ferait presque show à l'américaine. Les effets de lumières sont grandiloquents, chapeau au technicien. C'est très joli, il y a des néons arc-en-ciel et le fond de la scène ressemble à une voute céleste. Anthony Gonzalez est accompagné de trois musiciens, un bassiste qui ressemble à un mec des Kooks, un batteur, et une chanteuse à l'air de diva, Morgan Kibby. La set list alterne morceaux du dernier album, Hurry Up, We're Dreaming, acclamé par la critique, et du précédent LP, qu'on lui préfère, Saturdays = Youth. Pour être honnête, je n'ai même pas vraiment aimé le dernier album du groupe, et je venais justement au concert pour voir si ça marchait mieux en live.
Et ça marche mieux, en effet. Forcément, sur une scène aussi grande, les morceaux prennent une ampleur bien plus conséquente - sauf "Midnight City" qui lui perd en relief, le manque de saxophone à la fin sûrement. Les titres qui mélangent l'electro au rock, avec des sons de guitares archi-convenus représentent le plus gros du répertoire de M83. C'est ce que les fans semblent préférer, mais pour moi, cela passe moins. Les morceaux de musique électronique "pure" sont plus agréables à écouter, en live comme sur album. Et puis j'ai du mal avec la voix de Gonzalez. En revanche, la chanteuse se débrouille très bien et a un certain charisme. On retiendra aussi le sosie des Kooks qui, quand il délaisse sa basse pour tapoter un pad, réalise une chorégraphie fascinante. En fait, ce qui fera pencher la balance du bon côté, c'est la sincérité qui émane du groupe. Quand le mec dit qu'il est "super content de jouer ici, en plus mon grand père il a joué aux Girondins de Bordeaux", on sent qu'il le pense vraiment. C'est ce qui fait dire que M83 est un vrai groupe, pas une machine de guerre programmée pour faire des tubes, mais plutôt un véritable projet artistique. Ce serait encore mieux si j'aimais vraiment beaucoup leur musique, mais j'ai déjà au moins passé un bon moment.
photos : Jimmy Nuage Noir