Six mois après la séparation officielle des deux Soudan, nous ne savons toujours pas qui aura la garde du chien et qui profitera du bien commun : le pétrole. Leur divorce était certainement la meilleure chose à faire étant donné l’ampleur de la discorde. Cela s’est accompagné de violentes tensions aux frontières de ces deux pays, décrites par les deux capitales comme « The Oil War ». Le Sud Soudan a menacé le Nord de couper tout arrivage de pétrole ce qui a ajouté de l’huile sur le feu. Le président soudanais Omar al-Bashir a déclaré que la guerre était plus proche que la paix.
La séparation s’est d’abord faite avec pertes et fracas après plusieurs décennies de guerre civile. La problématique tournée de manière très simpliste n’est pas compliquée à saisir : Le Sud Soudan possède les trois quarts de la production journalière de pétrole (environ 480 000 barils) alors que le Nord est un passage obligé pour l’export de l’or noir. Il possède seul les raffineries, pipelines et terminaux d’exportation.
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Les négociations tarifaires sur le transit du pétrole n’ont mené à rien et en décembre dernier, le Nord a confisqué les ressources prêtes à être exportées ; du vol pur et simple selon le Sud. En Janvier, il annonce donc l’arrêt de toute production privant alors le pays de 98% de ses revenus officiels. Dans la continuité, un mémorandum a été signé avec le Kenya consistant à construire un pipeline à destination de Lamu, un port de l’Océan Indien malgré le rapport d’experts chiffrant à plusieurs milliards de dollars et plusieurs années l’aboutissement du projet.
Cette décision est évidemment accueillie à l’unanimité au sein de la communauté Sud soudanaise. « This is the day we truly became an independent nation ». Ce qui n’est pas du tout l’avis des membres de l’Union Africaine. La médiation récente orchestrée par le premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, s’est soldée par un échec même si un accord était proche de voir le jour. Le président Sud soudanais, Salva Kiir, refusa de signer ce qui engendra d’extrêmes violences. Les négociations sont dignes d’une véritable bataille de coqs et nous sommes maintenant proche du point de non retour : un conflit armé et sanglant.
A l’échelle du contient africain, les gouvernements ont compris qu’une nationalisation des ressources dites stratégiques était le seul moyen de protéger leur pays contre le pillage organisé cette fois-ci à l’échelle planétaire. Les géologues considèrent encore l’Afrique comme un El Dorado. Des diamants au charbon, tout le monde y trouve sont compte. Pendant ce temps là, les autochtones subissent les pressions d’un système organisé en cartels au sein desquels leur main d’œuvre est largement appréciée. Le groupe d’experts indépendants African National Congress (ANC) étudie en détail la possibilité d’un interventionnisme plus important dans ce domaine. Protéger les populations à travers une industrialisation contrôlée par les Etats eux-mêmes est sans doute un élément clé du futur développement de l’Afrique.