Date de sortie : 7 mars 2012 (1h 38 min)
Drame, Français, de Eric Guirado , avec Jérémie Renier (Bruno Caron), Julie Depardieu (Marilyne Caron), Lucien Jean-Baptiste (Patrick Castang), Alexandra Lamy (Gladys Castang)
Résumé :
Marilyne et Bruno Caron déménagent de leur banlieue du Nord pour aller vivre dans un petit village dans les Alpes avec leur petite fille. En arrivant, ils font connaissance des Castang, la famille qui doit leur louer un chalet. Ces derniers, très gentils, leur apprennent que, les travaux dans leur chalet n’étant pas terminés, ils vont être logés ailleurs en attendant. Mais ils y gagnent au change, puisqu’ils se retrouvent, à leur grande joie, dans un chalet de grand standing. Fous de joie au départ, ils vont vite déchanter, car les Castang vont les amener à déménager encore et encore, trouvant toujours des justifications à leurs actions.
Le couple Caron va ainsi se mettre à jalouser les Castang, qui semblent leur jeter leur bonheur et leur richesse à la figure, et par qui ils ne se sentent pas respectés. Cette jalousie va les amener peu à peu à la haine, puis à la violence…
Ce film est inspiré d’une histoire vraie, l’affaire Flactif ou « Drame du Grand Bornand », survenu en 2003. Xavier Flactif, promoteur immobilier de 41 ans, sa compagne Graziella de 36 ans et leurs trois enfants âgés de 7, 10 et 11 ans ont été assassinés par arme à feu la 11 avril 2003, par David Hotyat, qui a ensuite transporté les corps dans la forêt de Thônes (Haute-Savoie) afin de les brûler.
David Hotyat a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour ce quintuple meurtre, et sa compagne Alexandra Lefèvre avait écopé de 10 ans de prison pour dissimulation de preuves. Leurs amis, Stéphane et Isabelle Haremza, ont été eux aussi condamnés, respectivement à 15 et 7 ans de prison pour complicité.
Le réalisateur :
Eric Guirado a commencé à travers la photographie et l’écriture. Il s’est fait connaître en 1994 par le court métrage « Lonelytude ou une légère éclaircie ». Depuis il a réalisé « Un petit air de fête » 2001, « Quand tu descendras du ciel » 2002, « Le fils de l’épicier » 2010, « Le début de l’hiver »2010, puis enfin « Possessions » 2012.
Les protagonistes des films d’Eric Guirado sont souvent traversés par l’envie d’améliorer leur quotidien, de changer de situation professionnelle ou de lieu de vie. C’est en s’appuyant sur le fait divers qui a marqué la région de son enfance que le réalisateur transpose ses thèmes de prédilection. « L’affaire Flactif » représentait une intrigue pour Eric Guirado, notamment l’interview du meurtrier « David Hoyat », pris comme témoin par des journalistes, qui laissait transparaître une jalousie visible et surprenante. La volonté n’était pas de donner une version explicative de ce drame, mais plutôt de s’en inspirer pour transposer une narration centrée sur la psychologie des personnages et le sentiment de jalousie.
Mon avis 1 (Delphyne Delamare) :
Cette œuvre cinématographique est intéressante tant par le sujet qu’elle traite, la réécriture de « l’affaire Flactif » que par le point de vue multiple que peut suivre le spectateur.
Effectivement, chaque personnage de l’histoire présente une ambivalence : il peut être identifiable ou différent, apprécié ou détesté ; il peut être une victime, un laissé pour compte, un escroc ou un meurtrier.
Le jeu des acteurs est complexe et réussi, en particulier le rôle de la petite fille des meurtriers qui pour son jeune âge bénéficie d’un talent certain.
Cependant, bien que ce film soit bien écrit et réalisé, je n’ai pas apprécié que ce fait divers soit remis sur le devant de la scène, soit exploité indirectement. Je suis contre la tendance actuelle à transposer un grand nombre de situations dramatiques qui ont été tristement célèbres sur grand écran. Le fait que ces situations aient été réelles, cela me donne une sensation de mal être ou de voyeurisme déplacé.
Mon avis 2 (Samantha Michel) :
L’histoire en soi est assez démoralisante, il faut bien le reconnaître, mais j’ai apprécié le jeu des acteurs et la manière dont l’histoire est racontée.
Le réalisateur arrive à nous faire comprendre les deux points de vue, et l’on parvient à se mettre tour à tour dans la peau des Caron, comprenant leur frustration et leur énervement, et dans la peau des Castang, comprenant la plupart de leurs réactions et leur attitude générale. Le malaise s’installe petit à petit, tout au long du film, et l’on sent qu’un drame, même si on ne sait encore lequel, va arriver.
La morale du film serait de se méfier de l’eau qui dort, car ce n’est pas toujours la personne qui semble s’énerver le plus finit par commettre l’irréparable…
Delphyne Delamare & Samantha Michel