Il paraît que Rome ne s’est pas construit en un jour. Et bien il semblerait également que ce nouvel arc de Batwoman suive le même précepte. Et aussi déroutant qu’il puisse être, tant par sa structure narrative que par la direction du récit, cet arc continue tant bien que mal à construire, à édifier la mythologie de notre héroïne. Mais la vraie question est malheureusement la suivante : avons-nous envie de suivre le match, ou ne serait-il pas mieux d’attendre la sortie du TPB pour avoir l’intégralité du récit en main, tellement cette histoire est un sacré bordel !
Aborder ce nouvel arc – qui comportait déjà de nombreux enjeux palpitants à lui tout seul : le sort dramatique de Bette Kane, celui des enfants enlevés par la “pleureuse”, la relation Kate/Maggie, le choix de Batwoman à faire partie du D.E.O.- nous plaçait devant une pléthore de possibilités instaurées avec brio par le duo Williams III/Blackman.
Mais à cela vient se rajouter cette fameuse narration Tarrantinesque où nous voyons différents points de vue, mais surtout à des périodes différentes, ce qui constitue un puzzle assez difficile à suivre surtout lorsque l’on doit attendre un mois avant de connaitre la suite. Et si l’on rajoute à cela la volonté totalement louable de constituer un véritable bestiaire pour le Batwomanverse, en y ajoutant dans ce numéro deux (voir trois) nouveaux personnages, cela devient vraiment, vraiment costaud. Le problème c’est que chaque point de vue ne dure que deux ou trois pages, j’ai du mal à croire que le lecteur de comics de base veuille faire l’effort de prendre en compte toutes ces considérations.
Personnellement je me suis amusée à mettre côte à côte ces deux premiers numéros afin d’avoir un véritable recul sur le récit, et oui cela fonctionne formidablement bien, nous sommes véritablement face à un puzzle dont nous sommes loin d’avoir toutes les pièces. Ce qui est frustrant, c’est de se rendre compte que beaucoup vont passer à côté. Et pour le coup c’est même le genre de critique que je comprendrais aisément. Si je puis me permettre, si j’étais scénariste (…) je n’aurais pas fait ce choix de narration dès le second arc, j’aurais attendu le quatrième ou le cinquième, à ce moment où la mythologie, encore fragile, de Batwoman aurait été bien installée, et où il aurait été plus facile de “jouer”, d’expérimenter de nouvelles choses.
Pour ce qui est du dessin d’Amy Reeder, dont le départ de la série continue de me rendre vraiment triste, on a l’impression qu’elle donne tout sur les scènes Batwomanesques, et qu’elle se relâche un peu sur le reste, avec notamment un manque de détails sur certaines vignettes. C’est d’autant plus dommage lorsque l’on connait le potentiel de cette dessinatrice.
Nous sommes donc aujourd’hui devant cette fameuse impasse avec la question qui tue : Que faisons-nous ? On attend patiemment le TPB ? Et bien ma réponse est la suivante : non non et non ! Attendre le TPB c’est sonner le glas de ce genre de série. Et rien ne vous empêche de faire comme moi et de passez d’un numéro à un autre, c’est un exercice rigolo et d’autant plus intéressant que d’avoir tout sur un plateau doré, et comme je dis souvent à mon petit : “Hé ! On est pas au Mc Do ici !”