On était au meeting de Jean-Luc Mélenchon

Publié le 15 mars 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Dans les couloirs fictifs de WTFRU, nous nous étions posés la question de la nécessité d’écrire ou non sur les élections présidentielles. Vous nous connaissez maintenant, nous ne voulons jamais faire comme les autres et l’idée de départ était d’aller à la rencontre des branches jeunesses de chaque parti politique. Raté. Et c’est alors qu’est venu l’idée d’aller se frotter aux partisans en live & direct pendant un meeting.
Loin de nous l’idée de vous convertir aux convictions d’un tel ou d’un autre. Non. Ici, c’est l’ambiance et les dessous d’un meeting que l’on retranscrit.
Alors pourquoi Jean-Luc Mélenchon ? Parce qu’autant joindre l’utile à l’agréable et aller entendre celui qui maitrise le mieux la langue. Parce que les qualités d’orateur (voire de tribun) du candidat du Front de Gauche ne sont plus à présenter. Parce que de l’avis de la plupart des spécialistes, il est celui qui réussit la meilleure campagne. Parce qu’il est le seul à encore progresser dans les sondages. Parce qu’il a le buzz avec lui comme il le dit lui même d’entrée  « je serai devenu à la mode ». Parce qu’un meeting du Front de Gauche/Parti Communiste, c’est toujours quelque chose à voir. Parce que Clermont-Ferrand, c’est un des derniers berceaux coco de France!

On va casser l’image de rêve que l’on s’était construit. Non, nous n’avons pas de chauffeur attitré nous conduisant à chaque concert, expo, rencontres que l’on vous propose et oui on prend les transports en commun comme tout le monde. Et en cette fin de mercredi, il est même intéressant de laisser traîner une oreille sur les discussions de bus et tramway. « Le meeting de ce soir est déterminant puisque j’hésite encore entre Hollande et Mélenchon », « Vous allez bien au Zénith ? Non, c’est qu’on voudrait pas atterrir à Villepinte vous comprenez ». Bref, Clermont-Ferrand est rythmé par la vie politique aussi.
Arrivé devant le Zénith une demie-heure avant l’ouverture des portes, la foule est déjà nombreuse. Des jeunes, des moins jeunes, des soixante-huitards, des dépoussiérés. L’ambiance est bon enfant et chacun est impatient de voir « la bête » sur scène. Petite parenthèse pour saluer chez les jeunes, la promo Infocom, proportionnellement bien nombreuse et notamment mes trois compères du jour, qui m’ont gentiment accompagné durant cette soirée.

Drapeaux CGT ou du PC, tracts, on ne s’est pas trompé. Pas plus dans la salle où résonne une playlist digne des fêtes de l’Huma: Manu Chao, Tiken Jah Fakoly, du rap, etc etc.
Rien n’est laissé au hasard, les organisateurs crient à tue-tête pour que les plus jeunes et les « porte-drapeaux » soient dans la fosse, le plus proche possible de la scène. Les places assises sont vites prises d’assaut et plus une seule n’est libre après une demie-heure.
19h, on commence à prendre conscience de l’énormité de la chose, il doit bien faire déjà 30 degrés et la fosse commence à être aussi pleine que le haut. Et on nous dit qu’il y a encore du monde dehors…
19h30: le Zénith est rempli comme un oeuf, pratiquement 9.000 personnes sont présentes pour ce qui est certainement l’un des plus grands rassemblements de gauche dans la région. C’est le moment que choisi la « maîtresse de cérémonie » pour entrer sur scène et nous présenter le déroulement de la soirée. Trois mini-film présentés (sur la dette, le Front National et la Constituante) avant l’entrée dans l’arène de Jean-Luc Mélenchon, accompagné par deux « premières parties »:  Marie-Pierre Toubans et André Chassaigne, régional de l’étape. Une entrée sous les acclamations d’un public déjà conquis.

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(photos issues de CyberBougnat)

C’est tout d’abord la représentante de la Gauche Unitaire qui se frotte à l’assemblée du soir. Un début un peu timide avant de prendre confiance sous l’impulsion des 18.000 mains du Zénith. Un discours dans la droite lignée de Mélenchon avant le show Chassaigne. Notre « Dédé » régional a été accueilli comme une rockstar, prophète en son pays. Commençant son discours par les spécialités auvergnates, le député communiste a instantanément fait chavirer le public. Les « Dédé premier ministre » ont résonné aux quatres coins de la salle pendant que celui-ci s’enflammait sur « cette société qui va mal » et sur son plaisir d’accueillir sur ses terres, un candidat qui l’a pourtant battu aux primaires. Sur scène, Mélenchon jongle entre ses notes et le discours tout en poésie de son collègue souvent accompagné d’une moue approbatrice à la fin de chaque propos. Une ovation conclut le passage de Chaissaigne et on lit facilement sur les lèvres de Mélench’ « écoute, c’est pour toi tout ça! ».

Voici donc Jean-Luc qui monte à la tribune, visiblement surpris par son propre succès et toutes ces foules qui l’accompagnent maintenant. Pas étonnant alors qu’il débute son discours par un marrant « me voici devenu tout d’un coup à la mode ». Une façon de lancer le propos sur les récentes sorties de Nicolas Sarkozy et François Hollande, reprenant, pour raccourcir, des idées lancées par le Front de Gauche. Si le candidat à la cravate rouge se félicite du bon sens de ses deux adversaires (« concurrent » pour le candidat socialiste), il n’oublie pas cependant de rappeler que seul son parti sait comment les mettre en pratique.
Pour réveiller le public, Mélenchon connaît les mots-clés: Sarkozy, riches, Le Pen. Ca fait mouche à chaque fois et les huées résonnent. On connaît le bonhomme et ses punchlines digne d’un rappeur. Une fois de plus, il distribue les pains comme Jésus. Prenez et mangez-en tous, il y en a pour tout le monde. C’est d’abord le parti Socialiste et Hollande qui en prennent pour leur grade. En cause ? Leur dédain vis à vis des autres partis de gauche à qui il ne propose aucune discussion et seulement un ralliement et l’histoire du vote utile.
Puis vint le cas Sarkozy, selon lui responsable avec ses amis de cette crise profonde dans laquelle la France est plongée. L’ancien socialiste n’hésite pas à lancer les noms d’évadés fiscaux: Hallyday, Paul-Loup Sullitzer et même Virenque (petite blague « évadé à l’insu de son plein gré »).
Le tant attendu « moment Le Pen » n’aura pas duré aussi longtemps qu’à Rouen, mais tout aussi intense avec une démonstration par l’absurde du débat sur l’halal. « Vous croyez vraiment que les enfants se soucient vraiment de la viande halal à la cantine ? Le problème pour eux, c’est les frite molles! Allez-y Mme Le Pen, vous et vos amis, étudiez sur ce problème à la hauteur de vos idées ».
Mais le principal mot d’ordre de la soirée a été l’écologie, choisissant bien sa ville. Contre la règle d’or promise dans la Constitution par le président actuel, Jean-Luc Mélenchon propose la règle verte. Et après avoir démonté comme à l’accoutumée le diktat de la consommation à outrance, de la délocalisation, de la publicité, le candidat au double chiffre d’intention de vote n’a pas hésité à brandir le drapeau de la révolution citoyenne et culturelle. L’heure du câlin géant, « aimons nous tous, rassemblons-nous » avant l’Internationale et la Marseillaise pour clore ce meeting de trois heures  sous 40 degrés final.

Toujours en forme, Jean-Luc Mélenchon s’est servi de ce meeting à Clermont comme d’une répétition générale avant la grande messe de dimanche à la Bastille. Un succès de rassemblement avec un public en majorité déjà certain de son vote. Pour les autres, nul doute que cet élan qui accompagne le Front de Gauche actuellement aura son poids sur la décision finale.