Titre : Les Naufragés d'Ythaq, T5 : L'Ultime Arcane
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Décembre 2007
« L’ultime arcane » est le cinquième tome de « Les naufragés d’Ythaq ». Il est l’album médian de cette série qui se compose de neuf albums. Scénarisé par Christophe Arleston et dessiné par Adrien Floch, cet opus est édité chez Soleil depuis fin deux mille sept. D’un format classique, cet ouvrage est vendu pour un prix proche de quatorze euros. La couverture est enflammée. En effet, on y découvre Granite, l’héroïne, épée à la main, révolver à la ceinture prête en découvre dans un décor de flammes. L’action qui habite la saga est clairement mise en avant. Il ne restait plus qu’à découvrir la cinquantaine de pages de l’ouvrage pour savoir si l’annonce faite par la couverture allait se confirmer dans les faits.
Comme pour chacune des critiques traitant de cette série, je vous cite la présentation qui nous en est faite sur la quatrième de couverte de chaque tome. « Un luxueux vaisseau de croisière s’écrase sur Ythaq, une planète qui, curieusement, n’est répertoriée nulle part. Parmi les survivants, une jeune et intrépide astro-navigatrice, un technicien poète et une belle passagère. Traqués par d’impitoyables mercenaires, ils vont découvrir un monde médiéval où cohabitent peuples et espèces aux coutumes surprenantes. Mais les naufragés sont-ils là par hasard ? Quel terrible secret se cache derrière les ors et les pourpres des palais d’Ythaq ? »
Cela fait maintenant cinq tomes que nos héros sont échoués sur cette planète. Bien que n’ayant toujours pas trouvé le moyen de rentrer chez eux, leur quête a évolué positivement. Ils ont retrouvé d’autres naufragés du même vaisseau qu’eux. Mais surtout, ils ont découvert que les naufrages sur Ythaq ne sont pas rares et n’apparaissent pas si hasardeux et accidentels que cela. Cette dimension offre une nouvelle dimension à l’intrigue. Alors qu’on n’avait l’impression de suivre une simple quête de survie digne d’un Robinson Crusoé de l’espace, celle-ci semble plus complexe. Nos héros semblent appartenir à des enjeux qui les dépassent et dont ils ne sont que de simples pions. Quelques prémices de cet aspect apparaissaient dans le quatrième tome intitulé « L’ombre de Khengis ». Cela avait relancé mon intérêt pour l’histoire. J’étais donc impatient de savoir si ce cinquième opus prolongeait cet évolution. Je n’ai pas été déçu à se niveau-là. La trame gagne en profondeur. De nouvelles interrogations apparaissent. Le rôle et la place de chacun subissent des changements. Nos repères sont érodés pour notre plus grand bonheur. L’attrait scénaristique de « L’ultime arcane » est évident. Je ne rentrerai pas dans les détails pour l’expliciter. Je ne souhaiterai pas gâcher la surprise à ceux qui auraient l’intention de s’y plonger.
La trame principale est loin d’être négligée dans cet album. Néanmoins, la bonne humeur qui se dégage des personnages et des intrigues secondaires n’est pas pour autant mise de côté. Le fait que « L’ultime arcane » soit le cinquième opus de la saga fait qu’on a le plaisir de retrouver des personnages qu’on connait et qu’on apprécie. On ressent une réelle sympathie pour le groupe de naufragés qu’on accompagne depuis des années maintenant. Ils sont très différents et possède chacun un caractère qui apporte son éco à la réussite de l’ensemble. Granite est une guerrière aux formes charmantes, Narvarth est le maladroit de service. Quant à Callista, son côté diva est un régal. Je ne vous listerai pas les différentes rencontres faites par nos héros. Mais chacune est souvent haute en couleur. De la même manière, les méchants sont très réussis. Ils sont surtout plusieurs et leurs interactions ne sont pas claires. L’intrigue s’est densifiée et démultipliée. Elle avance sur plusieurs fronts et nous offre une lecture intense. La cruauté de certains d’entre eux leur offre un charisme indispensable à la réussite de ce type de saga.
Cet album est une aventure rythmée, pleine d’événements. Les batailles et les combats sont légions. Les décors sont variés et vont de zones glaciaires à des grottes volcaniques en passant par l’intérieur de vaisseaux géants. Ces variétés font que notre lecture n’est jamais gagnée par la lassitude. Contrairement à certains albums, aucune scène ne semble servir qu’à remplir une page. Chaque moment possède un intérêt qu’il soit scénaristique, humoristique, visuel ou divertissant. On en prend globalement plein les mirettes et ce n’est qu’à la dernière image de la dernière page qu’on arrive à reprendre son souffle. D’ailleurs à peine notre souffle repris, on n’a qu’une envie : découvrir la suite. En effet, « L’ultime arcane » ne rate pas son dénouement en nous offrant de belles interrogations en conclusion.
Tout ce dynamisme est mis en valeur par les dessins de Floch. Il possède un vrai talent pour dessiner les scènes d’action qui sont nombreuses dans ce bouquin. Elles se succèdent à un rythme soutenu et chacune s’étale sur plusieurs pages. Ils arrivent à ne pas tomber dans la répétition, à varier les angles de vues et le rythme malgré un découpage qui reste classique. Ils ne varient pas la taille ni la structure des cases mais cela ne l’empêche d’offrir une lecture loin d’être monotone. Que ce soit les mouvements ou les décors, ils participent pleinement à notre immersion au beau milieu de ce monde qui ne semble pas connaitre la paix et le repos. Le trait de Floch devrait ravir un public large car il est facile d’accès mais suffisamment travaillé pour séduire les lecteurs exigeants dans le domaine. Il correspond parfaitement à la fantasy grand public telle qu’elle est traitée actuellement dans la bande dessinée.
En conclusion, « L’ultime arcane » est dans la lignée de son prédécesseur. La série semble avoir trouvé son rythme de croisière pour mon plus grand plaisir. Il ne reste plus qu’à espérer que « La révolte des pions », prochain tome de la série soit du même acabit. Cela aurait pour conséquence de placer « Les naufragés d’Ythaq » dans la catégorie des meilleures sagas de ces dernières années dans son genre. Et ce n’est déjà pas si mal…
par Eric the Tiger
Note : 16/20