Révélation d'Anne Noschis sur Madame de Warens, la protectrice veveysanne du jeune Rousseau. Le lecteur de sa biographie apprend quelque chose dont Jean-Jacques ne s'est jamais douté : Françoise-Louise était un agent secret.
Ça semble romanesque. Ça l'est.
Mais c'est vrai. Anne Noschis le démontre en citant des lettres et des documents.
Mme de Warens, donc, après qu'elle a abjuré le protestantisme demande la protection du roi de Sardaigne. On sait qu'elle touche une pension pour son rôle de convertisseuse, puisque, en pleine concurrence féroce entre le catholicisme et le protestantisme, c'est à elle qu'on adresse les réformés qui renoncent à leur religion. Mais elle est également chargée de préparer la conquête du Pays de Vaud par le roi. Il a des ambitions, historiquement fondées, prétend-il, sur la région.
Comme Vaud est occupé par les Bernois depuis deux siècles, l'arrivée du roi de Sardaigne pourrait être considérée comme une libération. C'est du moins ce que pensent Mme de Warens et ses acolytes. Mais le roi Victor-Amédée abdique en faveur de son fils, dont les ambitions territoriales se portent ailleurs, et c'est la fin du projet.
Tout ça, y compris voyages, parfois sous une fausse identité, correspondance suivie et crépage de chignons entre agents secrets, se passe sous le nez de Jean-Jacques et pendant les années exactement où il vit avec maman. Il ne s'en doutera jamais.
Anne Noschis, Madame de Warens, Editions de L'Aire