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Le soir venu, c'est littéralement un flux de touristes fatigués et de gens travaillant à Venise qui part vers la direction de la gare. Les habitants sont au chaud chez eux (du moins c'est ce qu'on suppose, sans doute sont-ils tout simplement dans les endroits où ils ont leurs habitudes), quant aux touristes à l'hôtel, ils sont soit rentrés dans leur demeure provisoire soit déjà à l'intérieur d'un des restaurants de la ville. En fait, on ne voit presque plus personne aller dans la direction de la place saint Marc et il y a quelque chose d'exaltant à remonter le courant pour prendre en quelque sorte possession d'une ville qui nous semble offerte sur un plateau. Peut-être est-ce une illusion, après tout la ville ne peut appartenir à un simple homme de passage mais on est récompensé d'errer ça et là, alors que d'autres, partis, passent à côté de l'essentiel. On voit des choses: des ruelles étroites illuminés, des vitrines qui prennent une nouvelle personnalité avec la tombée de la nuit. Pas de voiture, l'eau toujours quelque part se rappelle à notre bon souvenir au détour d'un itinéraire qu'on a trouvé en suivant de simples nuances de clair-obscur. On a beau être fatigué, on veut voir encore puisqu'on est là pour cela mais sans se presser non plus, en cherchant à emprunter à droite et à gauche un peu d'ombre ou de lumière. J'ai davantage vu la vraie Venise en me promenant ainsi au début de la nuit que la journée (du moins la première), peut-être parce que, les gens partis et les magasins fermés, il n'y avait plus que la ville à voir.