Pour le PDG de Saint-Gobain, changer de modèle de croissance est une nécessité. Mais qui écoute les patrons ? Pas les candidats à la présidentielle, visiblement.
Un article de l’aleps.
Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint Gobain
Pierre-André de Chalendar a donné mardi dernier aux Échos une interview (pleine page) dont les propos tranchent avec le politiquement correct. « Il faudrait en faire plus que ce qui est prévu actuellement par les différents candidats à l’élection présidentielle ».
En faire plus « notamment » dans la nécessaire réduction des dépenses publiques « dans ses trois composantes » : si quelques tentatives sont faites au niveau de l’État, restent la Sécurité Sociale et les collectivités locales.
En ce qui concerne le « modèle social français », il pose essentiellement un problème de « financement de la protection sociale ». Nous ne suivrons pas le PDG dans son idée de diminuer les cotisations patronales, qui inspire la TVA sociale. Nous préférons la méthode plus sûre du changement de système.
Mais, cela dit, Monsieur de Chalendar condamne toute relance de l’économie à partir de la consommation publique ou privée ; « pour consommer, il faut avant tout créer de la richesse et pas de la dette ». Le PDG semble ainsi acquis à l’économie de l’offre.
Il n’y a évidemment aucune chance pour que ces propos soient pris en compte par un des candidats. Mais on peut se demander pour quelles raisons la voix des patrons est en France sans cesse couverte par le brouhaha des discours politiques.
C’est peut-être parce que le poids du patronat institutionnel est trop grand, et condamne au silence nombre d’entrepreneurs conscients et compétents. Car le patronat institutionnel, dans le modèle français, a pour mission officielle d’être le « partenaire social », c’est-à-dire de naviguer entre les syndicats, l’État et les administrations. De temps en temps on a quelque rebuffade de telle ou tel, mais on en revient vite, par habitude et nécessité, au quotidien des négociations, des commissions, des tables rondes.
Il n’y aura pas de changement dans la société politique française sans un changement dans la société civile, dont les entrepreneurs devaient être le fer de lance.
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