Femme, quelques pas vers le printemps

Publié le 15 mars 2012 par Gentlemanw

Il flânait, il n'avait pas quitté Paris pour écrire de nouveaux chapitres pour ses livres en cours, ni même avancer sur ce scénario pour la télévision. Il humait ce printemps si proche, les premiers bourgeons, les oiseaux en pleine séduction, de branches et branches sur les arbustes. Pourquoi ne pas prendre son temps ? ici dans ce parc, entre fraîcheur d'un courant d'air et force de chaleur des rayons du soleil. 

Fidèle habitude, ou plutôt attitude classique, il observait les passages, ceux des poussettes et des petits monstres autour, des nounous épuisés en cette fin d'après-midi, des jeunes mamans, de quelques amoureux et de retraités en pleine lecture, seuls ou parfois encore à deux. Un flot lent, comme une fin d'hibernation, une consommation savourée de ce soleil renaissant.

Elle marchait, sortant de son habituel revue de comptes commerciaux trimestriels, deux jours intenses, entre costumes gris et nombrilisme aigu, entre sérieux imposé et vision étroite du business, sans humanité. Elle dirigeait une des régions, son bilan était le plus brillant, elle était la seule au milieu de ces mâles avides de Keuros. Sa stratégie, elle venait de la présenter, avec une ferme volonté d'imposer l'empathie vers les clients, un respect des engagements, une conciliation gagnante, une satisfaction durable dans son business.

Fidèle habitude, elle se délassait ici, en marchant, avec cette nouvelle paire de talons, un rituel. A chaque passage parisien, le premier soir, elle faisait les boutiques, achetait des chaussures, quelques bricoles, vêtements ou parfums, robes ou dessous chics. Le reste du temps, elle bossait sans compter. Elle humait ce coin de parc, une table, une envie de jus d'orange frais, ou de pamplemousse, d'amertume et d’acidité. 

Il avait aperçu cette silhouette entre deux arbres, mais son oeil millimétrique était soudainement en alerte. Son gilet sur le bras, sur son sac Lancel rouge framboise, une robe souple, probablement un modèle de la célèbre wrap-dress de Diane von Furstenberg. Des pas souples, délicieuse créature posée sur des escarpins vernis, couleur beige, presque nude, des talons si fins, elle venait vers lui.

Une table seule, au soleil, des touristes autour, un homme seul, élégant, qui semble la regarder, non avec vulgarité, mais comme un parfum qu'il cherche à humer. Elle sourit. Elle s’assoit  en croisant ses jambes. Celles-ci brillent, une teinte comme un début de bronzage. Elle décrypte son regard, elle assume sa féminité, ferme les yeux et prend le soleil.

Elle est assise, captant le soleil de fin d'après-midi, elle sourit au bel astre, il lui donne son énergie en retour. Ses jambes scintillent, comme une flûte de champagne posée proche d'une lampe, sur une table basse, une lumière irréelle, bulles après bulles, courbes de cristal, courbes de femmes. Elle porte un nylon si fin qu'il fusionne avec sa peau, si lisse, si impeccable. 

Sa féminité éclate, devient source de lumière, comment ne pas déguster cette sculpture de volupté, se relaxant à quelques pas. Elle est si sensuelle, son parfum flotte devant moi, comme un appel, comme une note plus légère, doucement.

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Est-ce une fée ?  une profonde envie devenue mirage ?  un rêve éveillé ?  vous ?

Il écrit sur son carnet, toujours avec lui, il part dans son récit, un chapitre de plus sur ce monde sensible.

Nylonement