Ha bé les aminches, me v'là propre. Et je ne dis pas ça uniquement parce que je viens de prendre ma douche (je vous avais dit qu'on avait une super grande nouvelle douche, chez moi ? On pourrait y faire des jetés-pas de bourrées à tire-larigot, à supposer qu'on y entre en tutu).
D'ailleurs, je viens de prendre ma douche, mais c'était pas tellement la peine, parce qu'étant donné que vu que j'ai mis un tablier pour faire la cuisine hier, je me suis même pas sali du tout, sauf les mains pleines de gras de beurre, de blanc d'oeuf et de courgette molle, mais comme j'avais un tablier, je pouvais essuyer mes mains dessus, hé. Pas con le mec.
Non, quand je disais que ha bé me v'là propre, je le disais au figuré. Enfin, je le disais à vous, mais c'était pas à prendre littéralement, que je voulais dire. Allez pas vous imaginer que j'écris des notes de blog à l'intention d'un type qui se ferait appeler le Figuré (peut-être un mec qui aurait eu une opération de chirurgie esthétique sur le visage, parce qu'il avait eu une grosse cicatrice qui lui courait de l'oreille droite au coin gauche de la mâchoire, en se battant au couteau contre un lynx ? Enfin, j'hypothèse, là, parce qu'en fait, ce type n'existe pas, et c'est tant mieux pour le lynx, qui est une espèce protégée et en voie de disparition). Non, j'écris pour vous, et pour vous seulement, les aminches du début de ma note (là, en haut).
J'aurais pu dire Me v'là beau, notez. Mais je suis toujours parti du principe que c'est pas parce que je parle à des gens que je ne connais pas que je dois être malhonnête (et pis de toute façon le plus important c'est la beauté intérieure, et ça j'en ai des paquets, j'aime autant vous le dire).
Tout ça fait pas avancer le schmilblick, et donc, toujours est-il que me v'là propre (et n'en parlons plus). Parce que là, j'ai bien comme l'impression que je suis en train de me faire couillonner un peu, 'tendez que je vous explique : là, depuis dimanche, y'a qu'un gonze dans la baraque qui se cogne de préparer la pâtée au troupeau, et c'est bibi.
Ç'aurait été de la préparation de Minut'soup, encore, j'aurais rien dit, j'aurais mis la bouilloire à bouiller, pis j'aurais ouvert des sachets avec les dents pis j'aurais versé dans des bols et rajouté la flotte sans rien dire, mais là non. Non seulement on m'a fait éplucher et couper des oignons et des courgettes et des poulets et des poivrons et tout et tout, on m'a forcé à faire CUIRE des trucs.
Enfin, on. Ma frangine, je veux dire. Elle m'a forcé à faire de la BÉCHAMEL, sur la tête de ma mère. Deux jours de suite. Et pis en plus, elle est pédagogue, hein. « ho bé tu mets de la farine, pis quand ça fait de la pâte avec le beurre fondu, tu rajoutes du lait. Puis tu touilles et tu rerajoutes du lait ». Et allez pas essayer de lui demander des proportions : « ho, jusqu'à ce que ça ait la bonne consistance ».
Puis c'est pas elle qui va se déplacer pour voir si les oignons sont fondus comme il faut, hein ! Non, il faut que je l'appelle, depuis le fin fond de devant ma poêle qui commence à sentir chelou « Frangine ! -Oui ? - tu peux me dire si ça va, là ? » et là elle répond plus. « Frangiiiiiine ? -Oui ? Les oignons, là, ça va ou ils devraient pas être noirs ? » pis là, encore pas de réponse, du coup faut que je lui amène la poêle pleine d'oignons pour qu'elle puisse vérifier depuis le canapé qu'en effet ils sont bien cramés et qu'il faut que je recommence mais d'abord je dois aller racheter des oignons au Casino pour finir le gratin de courgettes et que du coup prends des citrons, tu feras de la tarte au citron, tiens !
Non mais franchement, quoi, ça commence à bien faire, là. Normalement, c'est ELLE qui fait la cuisine, moi je me goinfre la vaisselle, c'était une affaire qui marchait. Mais maintenant, il faut qu'elle me cendrillonne.
La famille, je vous jure, des fois, hein, c'est égoïste comme pas permis. Du coup des fois, on a bien envie de raconter au monde entier comment y'a des grandes sœurs qui prennent prétexte du plus petit tranchage de doigt dans le mixer (parce que ça doit pas être évident à tout le monde que la lame qui tourne vite vite, là, elle tranche aussi bien la viande que les poireaux qu'on pousse dedans sans faire attention) pour exploiter leurs petits frères trop bonnes poires.
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