En Bref : Les Entrelacs d’Ai Weiwei au Jeu de Paume…

Par Artilt

Par Fabienne

À découvrir en ce moment au Jeu de Paume, cette exposition est la première en France pour Ai Weiwei ! Si sa couverture médiatique est déjà bien éloquente, elle n’en mérite pas moins une petite parenthèse…

Le Jeu de Paume nous habitue désormais aux grands succès… Après l’incroyable record de fréquentation de la rétrospective Diane Arbus, voilà que le musée accueille les œuvres d’un des artistes qui a le plus marqué les faits divers artistiques : passé à tabac, emprisonné, relâché… Ses péripéties et grands coups médiatiques ont fait de lui le plus populaire des artistes chinois. Ai Weiwei fait sans aucun doute partie des artistes les plus largement représentés et les plus actifs sur la toile… L’indéniable implication politique de sa pratique  s’étale indifféremment sur divers réseaux de communication, dont Twitter. Son art se concrétise -majoritairement- par une boulimie d’images souvent réalisées depuis son portable. Si, aujourd’hui la photographie est au centre -il est également connu pour avoir contribué aux côtés du cabinet Herzog & de Meuron à la construction stade de Pékin à l’occasion des JO de 2008 : le   Nid d’Oiseau- elle n’en reste pas moins un outil parmi tant d’autres pour l’activisme forcené qui caractérise l’artiste dans sa lutte contre le système politique actuellement en place en chine .

À déjà un mois de l’ouverture du Jeu de Paume sur les réalisations d’Ai Weiwei, nous n’allons pas nous étaler sur son curriculum vitae ou son parcours judiciaire, ils ont largement été débattus par ailleurs, attaquons-nous donc plutôt à ce qui est donné à voir !

Car ce qui est présenté en ce moment à Paris, risque bien de perturber les amateurs d’exposition photo au sens « classique » du terme… Certes il s’agit principalement de photographie, mais l’ensemble laisse également la place à toutes les différentes formes d’interactions (son blog, son compte Twitter…) et médias utilisés par l’artiste. La notion d’ »Entrelacs » est ici très « parlante », évoquant clairement la prolifération des liaisons mises en place par l’artiste avec ses semblables, dépassant ainsi largement le contexte politico-social chinois.

Particulièrement actif, sa production photographique est naturellement très riche, l’exposition en témoigne de façon efficace, elle laisse amplement présager de l’étendue globale de son travail. Sorte de documentation régulière et anarchique de sa vie et des « causes de sa dissidence ».

Aujourd’hui en liberté sous caution l’artiste est toujours loin d’en avoir fini avec ses démêlées judiciaires, les sujets à rébellion sont quant à eux encore d’actualité, il y a donc fort à parier que l’artiste fasse à nouveau parler de lui très prochainement. En attendant et au programme de cette visite, des photographies new-yorkaises, pékinoises, de chantiers chinois, de la construction des nouveaux emblèmes de la ville de Pékin : aéroport et stade national. Mais aussi les « Études de perspective » (en miniature), une série initiée sur la place Tiananmen poursuivie depuis dans le monde entier : majeur gauche tendu face à un bâtiment ou lieu emblématique, Ai Weiwei exprime le plus simplement qui soit sa vision du pouvoir et de l’autorité établie… Les « Portraits de conte de fées » : un pan de mur constitué de portraits et sur lequel sont disposés des écrans diffusant les interviews de citoyens chinois en lutte pour l’obtention de papiers auprès des ambassades. A suivre, l’importante série Earthquake avec laquelle l’artiste fait état d’une tragédie (un tremblement de terre de 2008 ayant très durement frappé une province chinoise) mais également de l’indifférence des autorités, cette obstination à « mettre le doigt » sur ce drame vaudra à Ai Weiwei un passage à tabac, et les dernières difficultés judiciaires que nous lui connaissons…

A découvrir absolument, -il vous reste encore un bon mois- pour l’évènement et l’activisme salutaire qui auréole toute la pratique d’Ai Weiwei et bien sûr à accompagner d’une visite de l’exposition “Berenice Abbott (1898-1991), photographies” !

Pour les polyglottes voici les liens vers le blog et le compte Twitter d’Ai Weiwei, sans doute le meilleur moyen de suivre ses actualités quelles qu’elles soient !

Ai Weiwei : Entrelacs au Jeu de Paume
Du 21 février au 29 avril 2012
1 place de la Concorde 75008 Paris

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