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Hivers

Par Anne Onyme

hiversJean O'Neil
Éditions Libre Expression
208 pages

Résumé:

Jean O'Neil ne s'est pas contenté de puiser dans ses souvenirs, ses expériences et ses lectures pour écrire Hivers. Il a également pillé les nôtres, et c'est tout le Québec qui s'agite ici sous la neige, sur la glace et même en canot sur le fleuve, en une mosaïque qui donnerait froid dans les os sans la chaude plume de l'écrivain différent qui célèbre avec nous et comme nous la saison différente.

Mon commentaire:

J'ai beaucoup lu Jean O'Neil à l'adolescence. Écrits souvent comme des méli-mélo littéraires, sortent de patchworks d'anecdotes en tout genre, les ouvrages de Jean O'Neil sont réconfortants, parfois drôles, toujours réfléchis. J'ai toujours aimé cette forme d'écriture, informative et divertissante. Je n'avais plus relu cet auteur depuis trop longtemps et c'est avec plaisir que j'ai renoué avec lui.

Jean O'Neil est pour moi un auteur reposant. J'aime le lire. Avec Hivers, il nous raconte notre pays au fil de la saison froide, à travers des bribes personnels, des souvenirs d'enfance, des histoires grappillées ici et là, des épisodes de l'histoire avec un grand H, les personnages mémorables qui ont marqué le pays à leur façon et le temps, la neige, la glace, car elles sont omniprésentes ici, le 3/4 de l'année.

Les anecdotes concernent par moments des explorateurs, des expéditions dans le grand nord, l'attrait et l'amour du froid. L'auteur s'attarde sur tous les aspects de l'hiver à travers ses anecdotes passant des tempêtes aux vêtements, de la cuisine hivernale aux inventeurs, ainsi qu'à ceux qui ont été une figure incontournable dans notre façon contemporaine de vivre l'hiver. On nous parle même de la façon de vivre l'hiver en Nouvelle-France et à travers l'histoire, de Radisson en passant par Bombardier.

La culture et la littérature sont très présentés dans l'ouvrage. Jean O'Neil nous parle tour à tour d'Émile Nelligan, de Louis Hémon, et du personnage de Maria Chapdelaine. Il y a aussi un chapitre fort intéressant sur les marcheurs hivernaux, les chantiers et la cuisine traditionnelle, les fêtes de Noël et du Jour de l'An, la faune, la chasse, l'origine de certains noms ou mots. Plusieurs anecdotes font sourire, beaucoup nous informent sur ceux qui nous ont précédés et qui ont fait l'histoire.

La couverture du livre est splendide et représente à elle seule l'essentiel de nos hivers: le paysage blanc et enneigé, les vêtements éparpillés autour de l'entrée, les bottes et les tuques, les pelles et les traîneaux. D'autres illustrations reviennent à chacun des chapitres du livre. Elles sont en noir et blanc, mais toujours aussi magnifique. Nous les devons au talentueux peintre Gilles Archambault.

Hivers est vraiment un bel ouvrage que l'on peut lire comme un recueil de nouvelles, au fil du temps. Chaque chapitre aborde un thème différent en lien avec l'hiver, entre fiction, réalité et histoire. Vraiment, un fort beau moment de lecture!

Quelques extraits:

"L'hiver va nous sauter dessus comme un loup qui sort du bois." p.14

"D'une année à l'autre, je me dis que c'est fini, que nous pouvons dire non aux amis, à la parenté et que nous avons les moyens d'aller manger au restaurant. Sauf que je me fais prendre dès la première neige. Comme le répète d'année en année mon amie Jojo, quand on regarde dehors et qu'on la voit tomber à gros flocons, la neige a toujours l'air de nous dire: -Tu vois bien que c'est un temps pour faire des beignes." p.68

"À l'arrière de la basilique Saint Patrick à Montréal, une plaque commémorative rappelle le baptême du poète Émile Nelligan, le jour de Noël 1879. Il était né la veille, d'un père irlandais et d'une mère canadienne-française. Pauvre enfant! Quelles circonstances l'ont rendu à jamais prisonnier de ses névroses comme d'un hiver sans printemps? Ma vitre est un jardin de givre. La pire malédiction sur terre serait-elle d'être un génie précoce qui ne perçoit les réalités quotidiennes qu'à travers le prisme embué du néant de la vie?" p.109

"Il n'y a pas de froid excessif. Il n'y a que des gens mal habillés." p.154


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