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Babyloan se bat pour faire avancer la finance participative en France

Publié le 14 mars 2012 par Tulipe2009
Babyloan se bat pour faire avancer la finance participative en France
Babyloan se bat pour faire avancer la finance participative en France
Babyloan se bat pour faire avancer la finance participative en France

«Babyloan.org», qui permet aux particuliers de faire du microcrédit par un clic de souris, fait partie des fers de lance en France du mouvement des entreprises sociales. Des chefs d’entreprise qui poursuivent un objectif d’intérêt général. Leur modèle intègre le partage de bonnes pratiques et encourage la duplication des idées qui marchent pour maximiser les impacts partout dans le monde. La société est basée à Malakoff (92), mais le site internet est proposé en trois langues.

L’originalité de Babyloan est de faire du microcrédit en s’appuyant sur Internet. Les avantages pour les bénéficiaires sont les mêmes. L’achat à crédit d’une machine à coudre, d’un vélo, etc , vont permettre à de petits entrepreneurs de générer des revenus et de s’insérer dans l’économie locale.
(En photo, Maria Yuquilema :
41 ans, Equateur. Maria vend des fruits et légumes.Elle a demandé un microcrédit pour acheter en gros de nouveaux produits pour sa clientèle)
Babyloan s’inspire ouvertement de la plateforme de microfinance «Kiva.org», dont les premières opérations remontent à avril 2005. Depuis sa création, cette ONG a réussi à convaincre plus de 727.000 prêteurs d’engager un total de 296 millions de dollars pour permettre à des micro-entrepreneurs de se doter des moyens de lancer une activité économique. Le slogan de Kiva « Loans that Change Lives » n’est donc pas usurpé.
Chez Kiva, le prêt moyen s’élève à environ 400$. Des fonds dont les bénéficiaires sont à 80% des femmes. A noter que Kiva bénéficie aussi de soutiens corporate, comme ceux de Chevron, Visa, Moody’s ou encore Facebook.
Co-fondateur de Babyloan, Arnaud Poissonnier est né en 1966. Il a suivi une formation juridique et a notamment obtenu un Diplôme d’aptitude à la profession de Notaire. Il a travaillé dans le domaine du Private Banking et du Family Office avant de rejoindre en février 2006 Oxus Development Network et de devenir depuis juin 2008 Membre du conseil d’administration d’ACTED.
Babyloan connaît une croissance rapide et ne manque jamais d’imagination pour chercher des solutions innovantes. Néanmoins, les activités de crédit sont très encadrées. Et, le dispositif réglementaire demanderait parfois à être réformé pour permettre à la start-up, ainsi qu’à d’autres entreprises innovantes, d’accélérer encore la cadence et de libérer davantage les initiatives.
Voici l'interview d'hier.
Quel a été le point de départ de cette aventure ?
AP :A l’origine banquier, j’ai découvert le microcrédit en faisant un mécénat de compétence pour ACTED. Jai lancé la société avec Aurélie Duthoit, dès que nous avons obtenu notre agrément de la Banque de France et de l’AMF. Notre envie de lancer Babyloan provient de la découverte du lancement de Kiva aux Etats-Unis. Nous sommes d’ailleurs très proches avec eux et avons même mis en place des procédures communes.
Notre concept est de permettre à des particuliers de prêter de petites sommes à des micro-entrepreneurs dûment sélectionnés. Il s’agit en quelque sorte de microcrédit peer to peer, le prêteur français profitant de notre plateforme pour prêter à une autre personne en fonction de ses projets. Et, donc d’aider cet entrepreneur, le plus souvent des pays lointain et majoritairement des femmes, à développer une activité économique, qui va lui permettre de devenir autonome et améliorer le niveau de vie de ses proches. Une somme raisonnable en Europe présente en fait un important effet de levier dans des pays plus pauvres. Ce prêt est ensuite remboursé en 7 mois en moyenne.
Quel est votre bilan ?
Depuis notre création, nous avons séduit 15.000 membres qui ont financé 8.700 micro-entrepreneurs dans 11 pays. Cela représente une somme totale de plus de 3 millions d’euros. Le prêt moyen tourne autour de 57 euros et 105 euros en cumul, ce qui traduit le fait que notre plateforme s’adresse au plus grand nombre.
100% des prêteurs sont remboursés. Le montant des besoins des entrepreneurs s’établit à 450 euros au sud et 3.000 euros en France. 65% des créanciers réinvestissent immédiatement dans le circuit dès qu’ils sont remboursés, 8% seulement en sortent. Le prêteur moyen a 37 ans. Notre membre la plus active est une aide soignante lyonnaise, qui y consacre 20% de ses revenus.
Comment vérifier vous le travail sur place ?
AP : Nous passons par des intermédiaires, dont c’est le métier, des IMF (instituts de microfinance). Nous nous appuyons au départ sur les avis d’autres intervenants de la microfinance partenaires, comme ACTED, OXUS, ETIMOS et la Fondation Crédit Agricole Grameen. . Puis, nous les auditons pendant 6 à 9 mois, notamment sur des critères comme l’impact social, la solidité financière ou le risque pays. Il nous est arrivé 4 fois de ne pas donner suite à un partenariat avec un IMF.
Quels sont les taux obtenus par les micro-entrepreneurs ?
AP : Comme nous apportons des ressources aux IMF partenaires, ceux-ci économisent le coût de la recherche de fonds, qui peut représenter entre 8 et 15% de leurs budgets. Babyloan participe ainsi à réduire les taux qu’ils proposent.

Vos prêteurs bénéficient-ils d’une fiscalité favorable ?
AP : Babyloan s’inscrit dans une démarche philanthropique, comme la plupart des 25 plateformes similaires qui existent dans le monde. Prêter ne rapporte rien à nos adhérents.
Deux députés ont voulu favoriser le microcrédit en France en 2009, comme parade anticrise. Il s’agit de Jean-Pierre Gorges, député- maire de Chartres, et Jérôme Bignon, député de la Somme, mais leur projet de proposition de loi, qui envisageait de défiscaliser 50% du montant prêté, n’a pas abouti.

Comment se situe votre activité ?
AP : Notre activité a doublé tous les ans pour atteindre 110.000 euros en 2011 et nous visons 250 à 300.000 euros cette année, des niveaux qui traduisent la hausse rapide du nombre de nos Babyloaniens, mais qui ne nous permet pas encore d’être rentables.

Nous cherchons à couvrir nos frais de structures par une commission de 2% sur les montants confiés par nos membres. Les IMF nous reverse également une commission de 2,5% sur les montants confiés.
Nous avons également diversifié nos ressources en remportant des Prix et en étant Conseil d’un fond solidaire 90/10. Il s’agit de Babyfund, géré par le Crédit Coopératif et sa société de gestion, Ecofi Investissements ainsi que Seeds Finance. Nous envisageons également de mettre en pratique un arrondi solidaire en partenariat avec des sites de e-commerce ou de prélever 1 euro par transaction.
Toutes ces mesures conjuguées et l’accroissement des sommes prêtées nous permettent de viser le point mort en 2015-2016 avec un chiffre d’affaires prévisionnel de 750 à 800.000 euros.
Dans l’immédiat, nous ne pouvons pas échapper aux coûts liés à notre déploiement.
Contrairement à Kiva, Babyloan ne bénéficie pas d’un grand marché unifié. En Europe, nous avançons pas à pas. Il existe autant de réglementation que de pays. Nous allons nous implanter en Italie dans les prochains mois, mais n’avons pas réussi à le faire en Belgique. Comme je l’ai entendu récemment, « Global winner, local looser ».
Il nous faut donc à la fois dupliquer notre modèle à l’étranger et tenter d’obtenir un cadre réglementaire plus favorable. Nous n’avons ainsi pas été autorisés à commercialiser des cartes de prêt prépayées en magasin.
En revanche, notre lobbying avec l’Adie a permis une avancée dans le cadre de la solidarité Nord/Nord. Les particuliers peuvent ainsi depuis peu financer des Français grâce au Peer to Peer, mais cela reste malheureusement pas possible pour les entreprises.
Pourquoi les entreprises s’intéressent elles à votre concept ?


AP : Nous avons développé une offre vers les entreprises, car nos actions de solidarité peuvent intéresser leurs salariés. Dans le défi solidaire par exemple, l’entreprise présente notre plateforme et abonde les sommes versées par les salariés. Une vingtaine de groupe ont déjà répondu présents, comme CGG Veritas, le Groupe SOS, La Semaine Solidaire et bientôt à la MAIF. Chez DDB, un salarié sur 4 a participé.
Nous avons aussi imaginé l’idée de donner la possibilité à un « Babylonien » de proposer à un proche de parrainer un micro entrepreneur. C’est le « Passeport cadeau » en ligne, qui vient de rencontrer un franc succès chez les salariés de Cortal Consors.
La crise de confiance qui a saisi la microfinance est-elle terminée ?
AP : La crise a permis de remettre le microcrédit sur de meilleurs rails et de permettre à la majorité des intervenants de se regarder dans le miroir. Au départ, il y a environ 7 ans, Yunus a insisté pour que la microfinance devienne autosuffisante, qu’elle s’autofinance.
Il est apparu les années suivantes que c’était non seulement possible, mais que certains acteurs dégageaient des niveaux de rentabilité très élevés. Ce qui a attiré des investisseurs mercantiles, avec des personnalités connues comme Soros er des organismes comme Sequoia Invts et des sociétés de Private Equity. Le tout couronné par l’introduction en Bourse d’une IMF indienne.
Les priorités d’une minorité d’acteurs, 3% du total, ont été inversées, passant de l’inclusion sociale aux profits à court terme : gains de productivité, recherche des volumes plutôt que la sélection des projets, surendettement, intimidation des débiteurs pour recouvrir les créances, suicides…
Depuis 2 ans, on reparle à nouveau du social, mais les dérives de cas isolées ont dégradé l’image de la profession et fait les choux gras des médias. Heureusement, la croissance de la microfinance s’élève toujours à 10% par an.
Quel statut avez-vous choisi ?
AP : Nous sommes une SAS légèrement aménagée. Nous avons obtenu le statut d’entreprise sociale. Ce qui signifie que nous intégrons une lucrativité limitée et un encadrement des salaires avec un écart maximal de 1 à 5.

Outre les deux fondateurs, Babyloan compte plus de 30 actionnaires. Notamment deux ONG, Acted et Etimos, ainsi que plusieurs établissements bancaires et 25 des venture-capitalists. Compte tenu des investissements nécessaires avant d’être rentables et de nos statuts, nos actionnaires n’attendent pas de retour sur investissement. Notre objet reste l’intérêt général.

Présentation de Babyloan.org par Babyloan
Les candidats à la présidentielle s’intéressent-ils au potentiel de la microfinance?


AP : A part le logement, bien mis en avant par la Fondation Abbé Pierre, les thèmes sociétaux ne sont pas abordés. En témoigne l’absence cruelle des candidats au Colloque inversé de l’ADIE le mois dernier.
Je considère qu’il faudrait, pour le bien des personnes exclues et de la société, que la microfinance soit présente sous la forme d’une antenne dans toutes les agences de Pôle Emploi. Les sommes nécessaires à réinsérer un chômeur de longue durée par le microcrédit sont très faibles comparées au cumul de son indemnisation. Or, l’ADIE possède le savoir-faire.
Par ailleurs, concernant l’aide aux entrepreneurs, c’est une bonne chose que François Hollande ait indiqué qu’il ne remettrait pas en cause la loi Tepa-ISF pour les PME.
Sur le fond, il manque toujours dans l’hexagone un cadre réglementaire et fiscal adapté aux entrepreneurs sociaux, comme Babyloan. Un statut à part et une fiscalité adapté permettraient de dupliquer les initiatives et faire connaître les entreprises concernées. Babyloan, qui poursuit un objectif d’intérêt général, pourrait ainsi recourir à des bénévoles.
L’innovation sociale reste un parent pauvre, largement ignoré des hommes politiques. Elle nécessite pourtant la mise en place de moyens importants. Pourtant, seule l’innovation technologique bénéficie de subvention.
Vous sentez vous isolés du fait de votre caractère hybride ?
AP : Il existe des soutiens très utiles comme Entrepreneurs d’Avenir, le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), Croissance Plus ou encore Convergence 2015.
Néanmoins, une action collective est nécessaire pour tenter d’obtenir quelques déblocages réglementaires. Car le secteur innovant se situe dans une sorte de zone de flou législatif, difficilement propice à son développement.
Pour pallier à ces difficultés, Babyloan s’est ainsi associé avec les autres acteurs français de la finance participative pour se faire connaitre, et entendre. Nous invitons donc candidats à la présidentielle, politiques, journalistes, mais aussi particuliers désireux de faire avancer notre cause, le 26 mars à 17H30 au salon d’honneur du Palais Brongniart, à qui nous ferons signer une pétition pour la modification de certains textes de lois.
Pour aller plus loin :
Toute l’info et mode d'emploi sur http://www.babyloan.org/fr/
La finance participative interpelle les candidats. 26 mars 2012
http://financeparticipative.eventbrite.com/
Un article de La Croix. Octobre 2010.
« La philanthropie en ligne prend son envol »
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Internet/La-philanthropie-en-ligne-prend-son-envol-_NG_-2010-10-25-557700
Sur ce blog :
L'Adie et Pole Emploi accompagnent les demandeurs d'emploi tentés par la création d'entreprise
http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/03/ladie-et-pole-emploi-accompagnent-les.html
Des banquiers aux pieds nus aux marches glissantes de Wall Street
http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/06/des-banquiers-aux-pieds-nus-aux-marches.html
MicroEnsure. Les dérivés climatiques restent difficilement accessibles au Rwanda.
http://ong-entreprise.blogspot.com/2011/02/les-derives-climatiques-restent.html
Le programme Kiva City bénéficie d’un soutien prestigieux

Sur certains organismes cités :
http://www.convergences2015.org/fr/
http://www.acted.org/
http://www.oxusnetwork.org/
http://mouves.org/
http://www.croissanceplus.com/
http://www.entrepreneursdavenir.com

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