"(...) Ce plan des réseaux décisionnels occidentaux [remodelage du Proche-Orient] n’est pas inconnu de Vladimir Poutine, représentant du bloc de commandement russe. Poutine connaît en effet précisément le scénario que les banquiers internationaux entendent faire exécuter aux marionnettes siégeant à Washington, ainsi qu’à leurs complices, à la tête des Etats vassaux. Dans le précédent numéro, nous avons vu que Poutine jugeait urgent d’envoyer des messages plus clairs aux dirigeants occidentaux. Il faut rappeler que Poutine a personnellement vécu la chute de la RDA. En décembre 1989, tandis qu’une foule vitupérait devant l’état-major du KGB, à Dresde, il brûlait des documents compromettants. Il a ensuite vu le destin réservé à ses collègues de la Stasi.Poutine appartient à cette génération où le perdant perd tout ce qu’il a constitué durant des années. Et il connaît son ennemi. Depuis quelques semaines, le leader russe explique que la principale menace militaire pour la Russie n’est pas la Syrie ou l’Iran, mais l’OTAN. Au cours de plusieurs interventions médiatiques récentes, Poutine a dit qu’il n’a « désormais plus aucun doute sur le fait qu’une guerre est quasiment inévitable et que nous devons y être préparés ». Comme l’exprimait récemment un proche de Poutine à l’intention de Dmitri Medvedev : « Il a compris qu’il a affaire à une bête féroce, cynique, impitoyable, prête, pour résoudre ses problèmes financiers domestiques, à commettre n’importe quel crime en n’importe quel coin du globe ». Maintenant, la Russie va chercher à établir son leadership militaire et stratégique en Asie centrale et dans le Caucase. Il est très probable que Moscou contribue officieusement à chasser les Occidentaux d’Afghanistan.
Il y a quelques mois, un diplomate occidental confiait : au moment où l’Occident, et tout particulièrement l’Europe de l’Ouest, s’approche du gouffre, Poutine promet un développement extensif, par l’investissement de nouveaux marchés, et surtout la progression de la présence russe. Poutine compte profiter de l’évident affaiblissement de l’Union européenne pour lancer une contre-offensive expansionniste, afin de restaurer une certaine forme d’Empire. Le projet d’union eurasienne est la seconde tentative d’intégration, après l’instauration de la CEI, depuis l’éclatement de l’URSS. Face à cela, le plan des Occidentaux ressemble à une fuite en avant. Les militaires du bloc de commandement de l’Ouest, confiants dans leur haute technologie, semblent assurés du triomphe. Ils ont cependant oublié le facteur humain et quelques points clés, fort bien connus des anciens maîtres du KGB… et donc de Poutine. L’opposition des Russes aux événements syriens n’est absolument pas quelque chose d’anodin. Elle intervient à un moment stratégique où l’Occident est en déclin prononcé et il va s’accélérer au fil des mois pour l’Europe de l’Ouest. D’un autre côté, il devient urgent de trouver un compromis entre les blocs pour éviter un dérapage au Moyen-Orient.
(...) Tandis que certains Etats arabes (tout particulièrement l’Arabie saoudite et le Qatar), alliés aux sionistes, cherchent à liquider le pouvoir syrien en finançant des mercenaires issus des milieux extrémistes sunnites, une importante délégation russe a foulé le sol syrien le 7 février 2012. Cette délégation était surtout composée de spécialistes du renseignement russe, lesquels ont discuté avec d’autres experts de services secrets de différents gouvernements régionaux. « Au palais présidentiel, la délégation russe a rejoint des délégations d’autres Etats, notamment de la Turquie, de l’Iran et du Liban. Une série d’accords a été conclue pour le retour à la paix. La Syrie a restitué 49 instructeurs militaires (turcs) faits prisonniers par l’armée syrienne. La Turquie est intervenue pour faire libérer les ingénieurs et les pèlerins iraniens enlevés... La Turquie a cessé tout soutien à l’Armée syrienne libre et a livré son chef, le colonel Riad el-Assad. La Russie, qui s’est portée garante des accords, a été autorisée à réactiver l’ancienne base soviétique d’interception du Mont Qassioum. Le lendemain, le département d’Etat des Etats-Unis a informé l’opposition syrienne en exil qu’elle ne devait plus compter sur une aide militaire américaine ». Dans le même temps, les prix du pétrole ont commencé à léviter vers le haut, pulvérisant des niveaux jugés importants par un trader talentueux. Or, aucun événement géopolitique connu ne justifie ces mouvements ! Les Russes pourront en profiter… et la facture énergétique sera plus lourde pour l’Europe de l’Ouest. Par la suite, les services secrets syriens ont arrêté une brigade française de transmission, composée de 120 militaires, à Zabadani. Craignant que cette affaire ne soit ébruitée et devienne un scandale en pleine période électorale, Alain Juppé aurait été chargé par le président Sarkozy de négocier avec son homologue russe, S. Lavrov, pour trouver une solution de sortie honorable ! (Source : Irib)