Pendant que les Brigitte cartonnent, en tournée à travers toute la France, nous avons mené notre petite enquête pour savoir d’où provenaient les superbes bijoux de têtes d’Aurélie… Comment ne pas tomber éperdument amoureuse de ces ornements précieux si élégants ? Il s’avère que la créatrice à l’origine de ces parures est Rivka, fondatrice de la marque Anna Rivka. Jeune femme souriante à la voix douce, elle nous a accueillies dans son atelier-showroom de la rue Vieille du Temple. Sur fond sonore de musique jazz, nous avons pu la connaître un peu plus…
Nom : Rivka. Anna est mon deuxième prénom. J’ai donc choisi de le positionner avant Rivka pour créer le nom de ma marque car je trouvais la sonorité intéressante.
Age : 32 ans
Couleur préférée : le bleu
Définissez votre style : J’ai un style assez retro. J’aime tout ce qui soie, dentelle et velours. J’aime le glamour, le rétro, le chic. Mais j’ai un style plutôt british et preppy lorsque je cours dans Paris avec mes enfants ou pour le boulot. Je porterais plutôt une paire de derbies et un pantalon en velours.
Une marque de prêt-à-porter : Je m’habille chez Sabbia Rosa, j’y pioche 90% de ma garde-robe : combinaisons, caracos à porter avec un jean ou un collant… C’est une marque de lingerie on peut la porter le jour également.
Une marque d’accessoires : Hermès en toute simplicité. Je la choisis surtout pour la qualité car c’est ce que je recherche avant tout chez un vêtement. Il ne doit pas forcément être à la pointe de la mode, mais surtout à la pointe de la qualité. Hermès est une marque chère, mais elle est encore un gage de qualité, avec un vrai processus de fabrication, contrairement à d’autres qui font fabriquer en Chine.
Une marque de bijoux : Anna Rivka bien sûr (rires)
Un endroit, un lieu favori à Paris : La Cour Carrée du Louvres. Il y fait toujours bon : frais en été, chaud en hiver. On s’y sent bercé et entouré par l’art et il y a toujours de l’excellente musique. J’adore me recueillir là-bas.
A l’étranger ? Je ne voyage pas beaucoup, mais j’aime la Mer Morte en Israël.
Une musique : Le jazz. J’aime beaucoup Chet Baker pour son timbre exceptionnel mais aussi pour ses mélodies. Il n’a pas une voix qu’on pourrait qualifier de performante, mais elle a un charme et une délicatesse incroyable. J’aime énormément son travail.
Un magazine : J’aime beaucoup l’Officiel de la Mode : les photos, le stylisme. Il a un côté parisien, chic et « old-fashioned » que j’apprécie.
Un blog : « Des jeunes gens modernes », « Caroline Daily »
Un site internet : Je n’ai pas trop de rendez-vous quotidien avec internet, je ne suis pas vraiment portée sur le net.
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours baigné dans l’univers de la bijouterie-joaillerie puisque mes parents étaient bijoutiers-antiquaires. J’ai grandi sur les salons d’antiquaire, comme celui de Drouot où nous allions très souvent. Quand j’ai dû choisir un métier, je ne pensais pas du tout faire comme mes parents, mais plutôt de la musique. Je me suis un peu cherchée mais je continuais à créer des bijoux pour mon plaisir, ils avaient d’ailleurs beaucoup de succès auprès de mon entourage. J’ai finalement réalisé que j’en pouvais en faire mon métier. C’était tellement naturel et évident que je n’y avais même pas pensé ! J’ai donc intégré l’école de bijouterie joaillerie de la rue du Louvre. Cela m’a permis de réaliser le plaisir que j’éprouvais à exercer ce métier, qui est pour moi une sorte de langage.
Comment est née la marque ?
Mes parents étaient de vrais chineurs : ils ont le goût du détail et de la recherche dont j’ai hérité. Il m’est impossible d’imaginer acheter des produits Ikea : j’ai besoin que les meubles et les objets qui m’entourent aient une histoire, car je m’y attache énormément. Lorsque je fais les brocantes et que j’y trouve une pièce qui me plait, mon bonheur sera de la faire renaître et de continuer son histoire. C’est le processus que j’essaie de suivre avec mes bijoux. Pour faire exister mon travail et créer mon univers, j’avais besoin d’un cadre. J’ai eu envie de prendre une boutique rue Condorcet dans le 9ème. J’y ai créé ma marque, ainsi que tout son univers graphique avec l’aide d’un graphiste du nom de Laurent Fétis. Mon mari fait de la mise en scène et des films de mode, il a mis en scène mes bijoux.
D’où vient votre inspiration ?
Elle vient essentiellement des années 30, 40, 50, la renaissance italienne, le baroque… Souvent une œuvre d’art (les lithographie de Mucha ou les œuvres de Pierre-Paul Prud’hon) peut être le point de départ d’une collection. Mon inspiration peut naître de tout et n’importe quoi. Je peux avoir envie de créer quelque chose à partir d’un bijou de La belle et la bête de Cocteau et de le réinterpréter à ma façon. La création est toujours une réinterprétation. Les bijoux anciens font preuve d’énormément de créativité et d’audace. Je ne m’inspire pas des accessoires d’aujourd’hui car j’ai l’impression que les femmes n’osent plus porter quoique ce soit à cause des contraintes quotidiennes et de leur style de vie. J’aurais envie que les femmes s’habillent un peu plus, osent se maquiller, se bijouter…
Avez-vous des égéries ?
Aurélie du groupe Brigitte est ma première ambassadrice. Elle a d’ailleurs porté l’un de mes bijoux pour les Victoires de la musique : ils font partie de son personnage. Léa Seydoux est elle aussi très fidèle à mes créations. J’adore la voir les porter car elle a un tout autre style qu’Aurélie : elle est plus discrète. Vanessa Paradis est une très bonne cliente, je lui ai même façonné des pièces sur mesure. Ce fut un réel bonheur ! J’aurais aimé qu’Anna Karina porte mes créations…
Pouvez-vous me décrire en quelques étapes la fabrication d’un bijou ?
Je pars toujours d’une idée, plus ou moins vague. Soit j’ai besoin de la retranscrire sur papier pour affiner les formes du futur bijou, soit elle est bien claire dans ma tête et je me fais aider d’artisans : le soudeur, le doreur, le chainiste. Je leur soumets mon idée et nous cherchons ensemble à créer quelque chose qui soit le plus proche de mon idée de départ. Mais, je réalise les prototypes la plupart du temps, seule la fabrication se fait à plusieurs.
Que pensez-vous de la mode aujourd’hui ?
Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de « mode » aujourd’hui. Il s’agit plutôt de tendances, plus ou moins sympathiques. Ce que j’aime dans les années 30, 40, 50, c’est que les modes duraient 10 ans. Avant cela, elles duraient même un siècle. La mode avait le temps de s’exprimer, de s’explorer car elle s’étirait le long de 10 années. Présentement, il n’y a que des mouvements : rock, punk, grunge… J’ai l’impression que chacun est libre de s’exprimer à travers son vêtement comme il l’entend, sans pour autant qu’il y ait une « mode ».
Quels sont vos projets et envies pour l’avenir de la marque ?
J’aimerai développer une ligne de joaillerie. Je fabrique déjà quelques pièces mais je souhaiterai développer davantage cet aspect de mon travail. J’ai également la volonté de vendre à l’étranger. L’ouverture du site en ligne était aussi un projet qui me tenait à cœur. J’aime l’idée que des filles puissent acheter mes bijoux sur internet. J’aimerais également m’associer à un « nez » pour la création du premier parfum Anna Rivka.
Quel est le bijou que vous préférez travailler ?
J’adore travailler les bijoux de tête : les tiares, les couronnes. A l’époque des années 30, on ne pouvait pas imaginer sortir sans chapeau et sans gant. Les bijoux de tête sont comme une réinterprétation du chapeau : une belle manière de « chapeauter » les femmes. Ils permettent de finir une tenue, d’être coiffée sans trop en faire.
Avez-vous un matériau ou une pierre préférée ?
J’ai plus ou moins envie de travailler une pierre selon mes humeurs. En ce moment, j’ai particulièrement envie de manipuler l’émeraude et l’opale. Elles sont fragiles et douces. La superstition autour de l’opale m’amuse. Ce sont des pierres qui font particulièrement peur aux bijoutiers joaillers car en les travaillant, ils sont terrorisés de les casser. C’est la raison pour laquelle elles se font rares. Je pense aussi à faire une belle bague en rubis. Chaque pierre provoque une sensation différente quand on la travaille c’est pourquoi je les travaille par période. Récemment j’ai découvert la mokaïte, une pierre qui a beaucoup de caractère et j’envisage quelques créations à partir de celle-ci.
A quel rythme réalisez-vous vos collections ?
J’ai une collection que je pourrais qualifier d’intemporelle, avec des pièces que je produits de manière régulière. J’ai également une collection du moment que j’alimente selon mes envies et les pierres que j’ai envie de travailler. Je réalise également des modèles uniques, sur commande ou non. Puis il y a la joaillerie que je commence à développer petit à petit. Récemment j’ai collaboré avec Heurgon, prestigieuse maison à deux pas de la place Vendôme chez laquelle j’ai pu présenter ma collection, et avec Rocio, un artiste anglais pour lequel j’ai réalisé le fermoir et la chaînette de minaudières en nacre.
Pour plus d’informations :http://annarivka.blogspot.com/
Maé-Lise D.