Il y a déjà un certain temps que j’avais choisi cette chanson pour en faire mon prochain billet « Chansons oubliées ». Le drame qui touche aujourd’hui ces enfants morts ou blessés durant leur retour de classes de neige n’y donne sans doute qu’un peu plus de sens.
Marie est une chanteuse qui ne fit que passer, mais avec quel talent. En 1971, elle sort des chansons inoubliables comme « Souviens-toi de moi » et « Soleil ». Mais aussi cette extraordinaire « Il ne faut jamais sourire d’un enfant », avec laquelle elle obtiendra le Prix d’Interprétation au Festival de Spa de cette année-là.
La voix est claire et envoûtante, d’une grande sincérité. Elle chante des mots simples, mais qui touchent les âmes sensibles. Marie en a touché plus d’une !
Mariée à Lionel Gaillardin, guitariste du groupe « Il était une fois », Marie a eu une carrière assez courte. Comme sa vie d’ailleurs, puisqu’elle mourut en 1990, à 41 ans, d’une leucémie foudroyante.
Son œuvre – 25 morceaux – a été rééditée en CD en 1994 sous le titre « Les années chansons ». Personnellement, je ne connaissais que son seul 33 tours éponyme, paru également en 1971, qui recèle d’autres petits bijoux encore : « J’ai trouvé ma route », « Dans le ciel », « Ma mère, la colombe et le cerisier », « La vie, c’est… », « Le marin de Dublin »…
Que cette chanson résonne en hommage aux enfants décédés ou blessés cette nuit.
Il ne faut jamais sourire d'un enfant
Qui vous demande en ouvrant des yeux tout grands
Quand le ventre de sa mère
A la forme de la terre
Si le ciel et l'océan sont là-dedans
Si l'on trouve des fleurettes et des oiseaux
Des chemins où l'on peut jouer au cerceau
Des torrents et des rivières avec des poissons d'argent
Il ne faut jamais sourire d'un enfant
Dites-lui qu'il y a encore peu de temps
Il y dormait en hiver et au printemps
Qu'il pêchait dans la rivière
Qu'il courait sur les chemins
De ce monde sans mystère
Où l'on n'aura jamais peur de rien
Il ne faut jamais sourire d'un enfant
Qui vous demande en ouvrant des yeux tout grands
Quand le ventre de sa mère
A la forme de la terre
Si la terre ressemble aussi à sa Maman
Il vous dira qu'il sait depuis très longtemps
Qu'on ne raconte plus d'histoires aux enfants
Que la guerre et la misère
Ont fait pleurer les rivières
Qu'il y a sur des chemins
Bien des enfants qui meurent encore de faim
Il ne faut jamais sourire d'un enfant
S'il vous dit en fermant ses yeux doucement
Quand sa mère le caresse
Et le berce tendrement
Qu'il voudrait bien s'endormir dans sa Maman
Paroles : Laurence Matalon. Musique : Jean Musy 1971 © Pathé-Marconi