Vue sur la campagne 3 - J'ai appris... j'ai compris !

Par Laporteplume
Sauvés !
Le candidat-président vient de nous le dire avec une emphase et un faste inoubliables : « Il a appris ! Il a compris ! »
Cinq ans de vie au palais de l’Elysée et d’exercice du pouvoir lui ont permis de savoir enfin comment fonctionne la société française, comment travaillent les femmes et les hommes de notre pays (quand ils ont du boulot !), comment ils vivent (quand ils ne survivent pas, ou ne se suicident pas au travail !), comment se fabriquent les petites culottes chez Lejaby, l’acier à Gandrange, les panneaux solaires chez « Photoshop » (entreprise chère à son conseiller particulier), comment se conçoivent les horaires flottants de trains, se fixent les tarifs ascensionnels des carburants, s’organise la fuite des capitaux à l’étranger !
Cinq ans de séjours dans les palais de la République (plus les années dans les sous-palais ministériels aussi bien chauffés que Le Palais) lui ont permis de découvrir que Total et ses comparses ne paient pas un centime d’impôt en France alors qu’elle y pompe une grande partie de ses bénéfices directement dans un gisement qu’elle croit inépuisable : la poche de l’automobiliste, que l’école n’est plus efficace (après fermeture des Ecoles Normales et suppression de dizaines de milliers de postes d’enseignants), que les malades n’ont plus accès aux soins (sauf si leur banquier les autorise à choisir l’Hôpital américain de Neuilly !), que les banques n’ont pas réinjecté dans l’économie de production les pactoles offerts sur sa décision par les contribuables mobilisés pour les sauver, que La Poste ne sait plus acheminer le courrier !
Cinq ans de flatteries courtisanes de son entourage lui ont permis de s’apercevoir que le charter n’est pas forcément la solution la plus respectueuse des droits de l’homme pour traiter les effets de l’immigration, que les religions ne s’affrontent que si on les y pousse, que La Princesse de Clèves vaut bien autant pour la culture générale que Disney, que les Etats-Unis ses amis qu’il dit être le « pays le plus libéral de la terre » est le plus protectionniste du monde, que les guerres coloniales de Côte d'Ivoire, d'Afghanistan et d'ailleurs n’ont rien de généreux ni d'honorable (aussi bien pour ceux qui les subissent que pour ceux qui les mènent), que l’Europe existe et qu’elle n’a pas envie de n’être que française, que les syndicats ouvriers et cadres peuvent avoir de bonnes idées (le Médef n'est pas de cette planète-là !)…
Cinq ans de monologue écrit par ses ombres ont donc préparé le Résidant de la République à la tâche qui était la sienne depuis le premier jour de son mandat ! Mais voilà… bien qu’en charge des affaires publiques depuis plus de vingt ans à des postes divers et souvent prestigieux, jusqu’à ce lumineux dimanche UMPiste de Villepinte, il n’avait pas pris conscience qu’il ne savait pas conduire un grand pays comme la France vers des horizons respectueux de la devise républicaine « Liberté-Egalité-Fraternité ».
Maintenant, IL SAIT, et il est capable de mener une vraie bonne politique pour notre pays et pour son peuple, sans doute même pour tous les peuples d’Europe qu'il a entrepris de réformer, car… il a APPRIS, il a COMPRIS ! Alléluia !
Alors, avec le chanoine du Latran si attaché aux « racines chrétiennes de la France », chevalier de l’Ordre espagnol de la Toison d’Or, chantons en chœur : Il est né le divin Sauveur
Alléluia !
Mais il est trop tard !
Dans leur grande sagesse, nos vieux disaient autrefois : "Ce n'est pas quand on a fait dans sa culotte qu'il faut serrer les fesses !"

Trop tard !
Il ne nous reste plus, désormais, qu’à regretter que le quinquennat présidentiel ne dure que cinq ans !
Un quinquennat de sept ans, comme jadis, aurait permis à l'homme providentiel, au terme de son long apprentissage, de bien travailler tout de même au service de notre République pendant deux ans encore !
Mais… c’est fini !
Regrets éternels.
Salut et Fraternité.