« Au bout du compte, nous ne nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais du silence de nos amis. »
L’histoire, qui met en scène deux familles, l’une blanche, l’autre noire, propose deux perspectives différentes des tensions qui régnaient à l’époque dans l’état américain du Texas. Le lecteur suit donc d’une part une famille blanche issue d’un quartier raciste et de l’autre une famille noire issue d’un des quartiers pauvres de Houston. Si les deux tentent de se rapprocher en passant outre les préjugés et cette ignorance qui nourrit la peur de l’autre, ils ne peuvent cependant pas échapper à ce climat hostile qui condamne tout mélange de couleurs.
Usant d’un ton juste, les deux auteurs proposent un récit engagé qui restitue parfaitement l’atmosphère tendue de l’époque. Ils proposent également une histoire d’amitié entre deux pères de famille, mais se contentent du strict minimum au niveau du développement psychologique des deux personnages clés afin de se concentrer principalement sur l’ambiance qui accompagnait cette ségrégation raciale. L’empathie n’est donc pas totale, mais la prise de conscience et le ressenti des tensions le sont bel et bien.
Visuellement, le graphisme de Nate Powell m’avait déjà fort séduit lors de la lecture de Swallow me whole et son dessin en noir et blanc fait à nouveau mouche dans cet album. En utilisant à merveille les non-dits, il parvient à saisir les émotions des différents personnages et à distiller une ambiance pesante qui se place au diapason de cette histoire.