Magazine France

Sondages: Sarkozy veut y croire.

Publié le 14 mars 2012 par Juan
Sondages: Sarkozy veut y croire. Quelques heures après le meeting de Villepinte, les partisans du candidat sortant voulaient croire  dans les chances de leur champion.
A l'exception du Figaro, la presse fut mitigée sur le méga-meeting de la veille. Les maigres annonces n'en étaient pas.
Sarkozy amnésique
Nicolas Sarkozy a oublié une partie de son discours. N'y croyait-il plus ? Ils nous avait déjà fait le coup voici 15 jours sur l'éducation.
Cette fois-ci, le Lab d'Europe 1 les a relevé quelques heures plus tard, en comparant le discours distribué et celui déclamé par le candidat sortant. Outre les deux ultimatums adressés à ses partenaires européens (sur Shengen et sur le Buy European Act), Sarkozy oublia deux autres propositions: d'abord, la création d'un impôt minimum « assis sur le chiffre d'affaires mondialisé » des entreprises européennes. Ensuite, le transfert intégral des charges sociales sur la TVA. L'annonce faisait tache... Sarkozy manquait de courage.
Mieux, sur un autre sujet, et pas des moindres, le candidat raconta l'inverse de ce qu'il devait. Henri Guaino s'était-il trompé ? Le Monarque devait s'indigner: « Je ne propose pas une justice de la vengeance : ce n’est pas la victime qui doit décider de la sanction. » Il raconta le contraire. Exactement le contraire: « Je ne veux pas d’une justice de la vengeance, mais je veux que la victime puisse donner son avis sur la sanction et la décision de libération. »
Etait-il fatigué ?
Sarkozy découvrait les exilés fiscaux
Lundi soir, le Monarque avait livré sa deuxième idée, imposer les exilés fiscaux sur leurs revenus mondiaux.  L'idée est excellente. Comme toujours, on se demandait pourquoi Sarkozy-le-gauchiste n'avait pas fait voter la dite mesure quand il était président.
La CGT, dans une démarche jugée exceptionnelle, appelait à voter contre le candidat des Riches.  En 2007, le syndicat n'avait donné aucune consigne. « Au vu du bilan et des projets du président de la République, sa réélection ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux. (...) La société française vivrait des clivages plus violents encore et s'enfoncerait encore plus dans la crise.»
En 2007, le syndicat n'en avait pas fait autant. La nausée était donc énorme.
Sarkozy traite EELV de secte
Mardi, le Monarque s'était rendu à un colloque sur la compétitivité à Paris, organisé par l'Association française des entreprises privées (Afep) avec Le Monde. Il accusa les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts d'être une secte à propos du nucléaire, quelques quarante-huit heures après l'anniversaire de la catastrophe de Fukushima« C'est une idée folle de vouloir remettre en cause ce qui faisait consensus parce qu'on a signé un papier avec ce qu'il faut bien appeler une forme de secte »
Mardi, on parlait davantage des annonces du dimanche, la sortie éventuelle de la France de... l'Europe.
La tartufferie de Shengen
Le 8 mars dernier, Claude Guéant, ministre de l'intérieur, avait séché une réunion pourtant décisionnelle qui traitait notamment du durcissement des conditions de circulation au sein de l'espace Schengen. Alors que les autres Etats étaient représentés par leur ministre de tutelle, la France avait laissé Philippe Etienne, son représentant permanent, se débrouiller.
Dans l'entourage du ministre, rapportait Arnaud Leparmentier du Monde, on a précisé que cette réunion ne faisait qu'endosser des décisions précédentes. Les pays de la zone Schengen cherchaient à pérenniser la possibilité de fermer leurs frontières plusieurs mois durant en cas de défaillance de l'un d'entre eux.
Pourquoi donc Nicolas Sarkozy avait-il jeté cet ultimatum électoral la veille à Villepinte ?
Lundi matin, la porte-parole Kosciusko-Morizet, le ministre Guéant et le conseiller Guaino étaient là pour préciser la pensée encore un peu floue mais véhémente du candidat sortant.
La première expliqua que la Grèce était visée : « Les Grecs annoncent 55.000 clandestins qui passent tous les ans. C'est probablement plutôt 160.000 ». L'ancienne ministre devrait relire ses fiches. Le rapport du 8 mars dernier, établi à l'issue de la réunion qu'a séché Claude Guéant, mentionne le nombre de 61.000 clandestins « détectés » l'an dernier. Ce rapport est très instructif. On y découvre combien les ministres européens concernés débattent de cette affaire depuis des mois, à l'initiative de quatre pays dont la France après le printemps arabe.
Le second dut avouer que le sujet du durcissement de Schengen, loin d'être nouveau, était à l'étude depuis des mois.
Ce 8 mars, ces ministres avaient en effet traité (1) de la situation préoccupante de la Grèce sur le front de la lutte contre l'immigration clandestine, (2) de l'harmonisation des règles d'asile, (3) du durcissement de la gouvernance politique de l'espace Shengen, (4) les récents développements du Shengen Information Système II (une base de données commune sur les migrations). Mais la proposition d'amender les accords de Shengen pour autoriser la réintroduction temporaire de contrôles aux frontières au sein de l'espace européen n'a pu être adoptée.
L'Europe en colère
« Qui est le candidat de l'extrême droite en France, Le Pen ou Sarkozy ? » s'est exclamé le Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge et actuel président du groupe libéral au Parlement européen.
Un autre journal, le Point, rapporte quelques réactions incrédules.
A Bruxelles, on balance entre fatalisme et étonnement face à la violente charge de Nicolas Sarkozy contre l'espace Schengen. "C'est un discours électoraliste, à replacer dans le cadre de la campagne", dit l'un. "Le président-candidat veut réformer Schengen sur le modèle de ce qui a été fait pour l'euro ? Mais c'est ce que nous proposons", rappelle-t-on à la Commission européenne.
Sur le Buy European Act, autre proposition du dernier recours du candidat sortant, le commissaire français chargé du marché intérieur, Michel Barnier, pourtant soutien du candidat sortant, a tenté de plaider en faveur d'une solution « non protectionniste ».
Le Wall Street Journal, peu suspect d'antisarkozysme, traita notre candidat sortant de Nicolas Le Pen. Nous avions honte.
Histoires de courbes 
Elles se croisent, et se décroisent. Mardi matin, les pauvres supporteurs de l'UMP s'enthousiasmaient d'un sondage IFOP, l'institut propriété de Laurence Parisot, annonçant Nicolas Sarkozy devant François Hollande au 1er tour de la présidentielle. Quel soulagement dans les rangs UMPistes ! A force de taper sur le programme de Marine Le Pen, ils allaient lui chiper quelques intentions de vote !
Au QG de campagne, il paraît que les « bombardiers du Net » - notez la métaphore, recueillie chez le candidat sortant - étaient aux anges. « La confirmation des courbes qui se sont croisées doit nous faire redoubler d'efforts sur le terrain » s'est exclamée Nadine Morano sur Twitter.
Quelques heures plus tard, vers 17h, catastrophe dans les mêmes rangs. Un autre sondage, de la SOFRES cette fois, et réalisé après le meeting de Villepinte, livrait un tout autre résultat, 30% pour Hollande et un Sarkozy en baisse à 26%. Qui serait l'arbitre de ces enquêtes sur quelques centaines de personnes ?
Et les affaires ?
En fait, ce mardi, Nicolas Sarkozy n'avait pas envie qu'on parle d'autres affaires, les vraies. C'était une autre histoire, pour un autre billet. Le Monarque avait envoyé Patrick Buisson, son conseiller ès sondages, être interviewé dans le Monde. La démarche coïncidait brutalement avec la publication d'un sondage attendu, le fameux, le premier, celui où les-courbes-se-croisaient. Pour Buisson, l'homme aux 150 sondages par an, c'était l'extase.
« Les médias racontent l'histoire à laquelle ils ont envie de croire. » Ou encore: « La tendance en faveur de Nicolas Sarkozy, depuis son entrée en campagne, est non moins incontestablement haussière » Le Buisson, il a une thèse, on oublie l'abstention, et François Hollande devrait en souffrir. « L'avantage du candidat socialiste est donc construit sur un scénario qui verrait 4 à 5 millions d'électeurs du premier tour ne pas aller voter au second ». Buisson était de sortie pour motiver... l'électorat sarko-compatible.
Le fisc venait d'ouvrir une enquête, il y a 15 jours, sur la fortune de l'ancien proche Thierry Gaubert. Celui-même qui avait ouvert deux bars baptisés Nibard et Nichon quelque part en Amérique latine, et qui était au coeur de l'affaire Karachi.
Ami sarkozyste, reste-là.
On s'amuse.


Retour à La Une de Logo Paperblog