Ce week-end, le peuple suisse a refusé par référendum de passer de 4 à 6 semaines de vacances, et ce pour la 6ème fois consécutive. Et le refus est net, puisque l’initiative populaire a été rejetée à plus de 66%.
C’est plutôt en Suisse centrale qu’on a été le plus catégorique, puisque dans le canton d’Appenzell Rhodes Intérieures, plus de 82% des personnes ont refusé. Globalement, en Suisse alémanique, le refus est au moins de 70%. En revanche, en Suisse romande, on a été moins tranché puisque les scores vont de 50,7% (dans le Jura) à près de 70% (en Valais).
La presse française ne comprend pas le vote suisse
Le sujet n’est pas nouveau, je vous avais plusieurs fois parlé de ces 6 semaines de vacances. Ce qui m’a le plus amusé, ce sont les réactions de la presse française, qui ici traite les Suisses de fous, là qualifie ce vote d’incompréhensible. Ces réactions nous rappellent à quel point le fossé culturel est gigantesque entre la Suisse et la France. Ce qu’on oublie un peu facilement en France, ce sont les conséquences de ces vacances à rallonge et 35 heures sur l’économie française : un désastre, tant sur le plan économique que social, puisque tout ceci coûte non seulement très cher aux entreprises, mais favorise également les salaires à la baisse, et favorise le stress au travail.
6 semaines de vacances : une mauvaise idée pour la communauté
En Suisse, et même si je ne me fais pas que des amis en écrivant ceci, on a préféré laissé à l’appréciation des entreprises la liberté d’accorder, ou pas, 5 ou 6 semaines de congés à ses salariés, plutôt que de les obliger à s’y conformer, comme en France. Je pense que la plupart des Suisses sont d’accord pour dire que sur le plan individuel, 6 semaines de vacances, c’est mieux que 4, mais ils ont jugé que sur le plan collectif, ce n’était pas une bonne idée. Et c’est précisément ce que distingue sur ce sujet les Français des Suisses : cette capacité à mettre de côté son intérêt personnel pour le bien de la communauté.
Comment être une entreprise compétitive quand on propose 10 semaines de vacances
Quand on voit que dans certaines entreprises françaises, on a jusqu’à 10 semaines de congés (en ajoutant tous les jours de vacances, les RTT et autres jours de congés), on se demande bien par quel miracle une entreprise peut être compétitive. Il y aura bien sûr toujours des syndicats français pour vous expliquer à quel point c’est intéressant pour le salarié, oubliant au passage le contexte économique. Bref, une fois de plus, on est tombé sur la tête en France, et les entreprises subissent de plein fouet les effets de lois toutes plus anti-économiques les unes que les autres. Si la France va mal, voire très mal en ce moment, c’est peut-être aussi à cause de lois comme celles-ci, loi qu’aucun candidat à la présidentielle n’osera bien sûr remettre en cause. L’économie française a encore beaucoup de soucis à se faire…
Dans les faits, la loi suisse propose un minimum de 4 semaines de congés par an, mais certaines entreprises et administrations proposent 5, et quelques rares entreprises vont même jusqu’à 6.