Une histoire d’onde

Par Charles4238 @cthoquenne

Je vais tenter de vous raconter l’histoire d’amour entre les sénégalais et leur(S) téléphone(S) portable(S), union déclarée par le lien des ondes. Ici, on change de numéro comme de chemise alors pourquoi se contenter d’un seul numéro et d’un seul téléphone? Soyons fou, un numéro pour chéri(e) n°1, un numéro pour chéri(e) n°2 (“saï saï boumak” = gros coquin), un numéro pour le boulot, un numéro parce que les SMS sont moins chers avec cet opérateur, un autre parce que les appels sont moins chers de telle heure à telle heure ou encore un dernier parce que cet opérateur fait des promos plus souvent…

Acquérir un nouveau numéro, c’est comme acheter une baguette, on trouve des cartes SIM à chaque coin de rue pour 1000F/1,50€. Perdre un numéro est tout aussi facile d’ailleurs… Le paiement mensuel type “forfait” n’est pas courant, en effet, plus de 99% des sénégalais sont en prépayé. Du coup, pour gérer tout ces numéros, il faut bien plusieurs téléphones! Il n’est pas rare de voir un sénégalais avec deux ou trois appareils dans les poches. Les plus aisés sont plutôt smartphone mais la grande majorité possèdent des mobiles bon marché à 15-20€ avec une lampe torche (LA fonction indispensable) et la radio pour écouter du mbalax (musique populaire sénégalaise, prononcez mbalarr) ou encore Nostalgie (oui, cette station existe ici aussi). Il est également très courant de voir des téléphones pouvant accueillir deux cartes SIM.

En panne de crédit? Il suffit de marcher 30 secondes dans la rue pour croiser un vendeur de carte de recharge. Les jours de promo, impossible de rater les “promosssssions” lancés par ces vendeurs. D’ailleurs, ces vendeurs, pour qui vendre des cartes est plutôt un job de survie, “pullulent” dans les rues de Dakar. Ils ne touchent environque 10% des ventes et sont une manne pour les opérateurs en leur “offrant” un réseau de distribution dense et visible.

A 5000F/7,50€ de l’heure environ, le mobile représente un gros budget pour beaucoup. Même en brousse, beaucoup de personnes sont maintenant “connectées” aux ondes et si l’argent vient à manquer pour recharger, les opérateurs ont pensé à tout, évidemment… Le transfert de crédit d’un numéro à l’autre fonctionne très bien et on peut même demander à “l’oncle qui réussi sa vie en France” d’envoyer du crédit ou de l’argent par internet directement sur le mobile du demandeur, magique (?).

Les dernières études montrent que le taux de pénétration du mobile au Sénégal ne fait que croître au fil des années et on ne s’étonne presque plus de trouver du réseau perdu au fin fond de la brousse. En ville, les antennes réseau camouflées en forme de palmier sont presque aussi vrais que nature. Le marché du mobile en Afrique a déjà connu son boom mais continue de gonfler. C’est maintenant au tour de l’internet mobile de se démocratiser et tout le monde y trouve son compte. Preuve en est, Orange en collaboration avec Facebook vient de rendre accessible le célèbre réseau social via un mobile basique (même un Nokia 3210, si si). Ce n’est maintenant plus une surprise si je vous dis que les sénégalais sont devenus accro à leur(s) mobile(s) et qu’Orange produit 10% des recettes de l’état sénégalais…!


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