Selon cette étude de Concordia (Canada), des facteurs externes peuvent influencer du tout au tout l'opinion des pré-adolescents sur le tabac, l'alcool et autres substances. Ces conclusions, publiée dans l'édition de mars du Journal of Studies on Alcohol and Drugs, montrent une ambivalence chez ces jeunes sur la conduite à adopter et l'importance de l'influence des médias et de l'entourage sur le passage à l'acte. C'est donc une fenêtre d'opportunité pour la prévention -comme le suggère, dans le même temps et pour la France, le dernier baromètre de la Fédération Française de Cardiologie.
L'étude menée par les Prs Roisin O'Connor de l'Université Concordia et Craig Colder de l'Université de l'État de New York (Buffalo) a fait participer près de 400 enfants âgés de 10 à 12 ans à un test informatique comportant des tâches ciblées. Les préadolescents devaient associer des images de cigarettes et d'alcool à des mots négatifs ou positifs. Certains exercices, en outre, consistaient à classer des images d'alcool associées à un mot positif dans une catégorie donnée, et des images d'alcool associées à des mots négatifs dans une autre catégorie. Les chercheurs ont évalué le classement des participants et déterminé la proportion de réponses impulsives ou réfléchies.
Les résultats de ce test mettent en évidence l'ambivalence à la préadolescence face aux cigarettes et à l'alcool. C'est la période de la vie à laquelle les jeunes leur attribuent autant de qualités que de méfaits et où ils ne se sont pas encore fixés une ligne de conduite à leur égard. L'étude montre aussi que si les jeunes considèrent ces substances a priori comme mauvaises (réponses réfléchies), il suffit de leur associer des images positives pour qu'ils changent d'avis (réponses impulsives). La consommation d'alcool et de tabac dépend donc encore de processus décisionnels tout aussi impulsifs que réfléchis.
Le passage à l'acte va alors dépendre de l'image de ces produits, dans la vie réelle apportée par les médias ainsi que par les influences de leurs camarades. « La fin de l'enfance et l'adolescence, marquées par l'initiation à l'alcool et à la cigarette, puis par leur consommation régulière, constituent une importante période développementale pour examiner les précurseurs de l'abus de substances, explique Roisin O'Connor, professeure adjointe au Département de psychologie de Concordia. Nous avons conduit cette étude pour mieux comprendre les facteurs qui exposent les préadolescents à l'initiation à ces produits afin de pouvoir déployer plus efficacement des mesures de prévention. »
Une fenêtre d'opportunité pour la prévention : La préadolescence est donc une période de grande vulnérabilité aux influences sociales pour la consommation d'alcool et de cigarettes où les a priori négatifs peuvent être dominés par le désir mais aussi, ou au contraire, la sensibilité aux effets néfastes est élevée. Pour les chercheurs, les adolescents connaissent déjà les effets négatifs de l'alcool et du tabac et le plus important serait de faire porter l'effort sur les facteurs externes qui peuvent les pousser à consommer. Cela peut s'effectuer en milieu scolaire, « où il faudrait aider les enfants à surmonter leur ambivalence au moment où ils devront choisir de consommer ou non ces substances», concluent les auteurs.
Sources: Communiqué Université Concordia et Journal of Studies on Alcohol and Drugs Volume 73, 2012 > Issue 1: January 2012 Implicit Cognition and Substance Use: The Role of Controlled and Automatic Processes in Children (Schéma Enquête annuelle Paris sans Tabac 2010)
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