La prestation du Très Grand Homme (TGH) sur TF1 hier soir, ainsi que le croisement des courbes (du premier tour) laissent une abondance de sujets à traiter. Pour repartir sur l'episode Paroles de candidat d'hier, je voudrais revenir à ce que je disais hier :
En 2007, Sarkozy, aidé beaucoup je crois par Emmanuelle Mignon, réussissait à se placer sur chaque question en créant la confusion sur la répartition gauche/droite.
C'était un peu plus tard, mais avec la burqa la technique marchait bien : les droites républicaine, catholique, souverainiste et xénophobe trouvaient forcément leur compte ; à gauche, les arguments de laïcité et droits de femmes semaient le doute également, prenant le dessus sur les considérations des droits individuels, des réalités d'une société, oui, multiculturelle moderne.
[…]
Aujourd'hui, on a quand même l'impression que cette méthode de brouiller les pistes est moins efficace, ou même plus efficace du tout.
Et je donnais comme explication le succès relatif depuis deux ou trois ans de Marine Le Pen, qui, grâce à ce que les communicants appelleraient sa "pédagogie", a rendu visible, lisible, compréhensible les ficelles des brouillages de piste de Sarkozy.
Hier soir, j'ai vu que Sarkozy avait retrouvé le chemin du brouillage. L'idée était sans doute lancée déjà à Villepinte, mais elle est devenue claire (dans toute sa confusion) pour moi hier, et encore plus claire ce matin quand j'ai observé des "vrais gens" en train d'essayer de démêler tout cela.
Nous avons donc les éléments suivants :
- Les étrangers viennent en France pour bénéficier de nos minimas sociaux.
- Les comptes sociaux sont en déficit à cause des étrangers.
- La mondialisation est dangereux, avec risque de délocalisation. La finance aussi.
- La frontière entre la Grèce (pays représentant la faiblesse) et la Turquie (pays représentant l'Islam et tous ses dangers).
- Le "Buy European Act" va protéger l'Europe des étrangers. (Le Japon n'achète que l'eau.)
- Revenir sur Schengen va nous protéger des étrangers.
Je dois oublier une ou deux pièces dans cet non-argumentaire, mais déjà on peut voir comment ça marche. Fondamentalement, il y a un mélange de l'économique (délocalisation, mondialisation, déficits) et de la petite cuisine xénophobe (trop d'étrangers). Sans vraiment le dire, Sarkozy distille l'idée (idée totalement absurde, bien entendu) selon laquelle en fermant ses frontières, la France s'enrichit et se protège des Chinois.
Jamais Sarkozy et les siens ne le diront aussi clairement. La technique consiste à multiplier les juxtapositions de ces idées. À force, les thématiques se concrétisent dans la tête des gens qui finissent par croire que le TGH a résolu tous leurs problèmes.