Les contradictions de Mitt Romney

Publié le 13 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

En bon consultant, Romney tente de plaire à tout le monde et forge ses opinions en fonction des besoins de ses clientèles électorales. Une vraie girouette.

Par Le Minarchiste, depuis Montréal, Québec.

Le magasine Reason publiait récemment un excellent article sur Mitt Romney, le candidat pressenti pour remporter l’investiture du Parti Républicain.

Reason, présente le politicien, qui aurait amassé une fortune de $250 million dans le domaine de la consultation, comme étant une girouette politique, plein de contradictions, qui ne veut pas vraiment se débarrasser des programmes qui ne fonctionnent pas, mais seulement les améliorer. Cela décevra la base électorale républicaine, qui voit cette élection comme un référendum sur la taille et l’ampleur du gouvernement.

Ainsi, Romney, qui fait pourtant l’apologie de la réduction des dépenses de l’État, promet de renverser les coupures de dépenses militaires d’Obama. Puis, Romney affirme que le programme Medicare est en faillite, mais promet quand même de le préserver. Dans la même phrase, il blâme Obama pour ne pas avoir réussi à réduire les dépenses de sécurité sociale, mais le blâme aussi d’avoir réduit Medicare pour les aînés. Il affirme que le TARP a été « mal expliqué, mal compris, mal structuré et mal exécuté » par le démocrate Tim Geithner, mais il fait cependant l’éloge d’Hank Paulson, qui « a permis d’éviter l’effondrement du système financier »… grâce au TARP ! Sur l’avortement, Romney a été à la fois « pro-vie » et « pro-choix » à différents moments. Il a décrit la réforme de l’immigration comme étant à la fois « raisonnable » et « intolérable ». Il a supporté des limites sur les dépenses de campagne électorale et de nouvelles taxes pour subventionner les élections, mais s’est opposé au Campaign Reform Act, une législation pourtant bipartisane.

En bon consultant, Romney tente de plaire à tout le monde et forge ses opinions en fonction des besoins de ses clientèles électorales.

Romneycare

Le passage le plus intéressant de l’article concerne la réforme du système de santé. Aux États-Unis, les citoyens qui ne sont pas assurés reçoivent quand même des soins grâce à une loi fédérale forçant les hôpitaux à le faire (cette politique est nommée uncompensated care). Lorsqu’il était gouverneur du Massachussets, Romney a mis en place une réforme de la santé visant à établir un système universel, dans lequel les pauvres seraient pris en charge par Medicaid, le bas de la classe moyenne recevrait des subventions pour s’acheter de l’assurance privée sur un marché règlementé par le gouvernement, et tous les autres devraient s’acheter une assurance par eux-mêmes ou payer une amende.

Vous n’hallucinez pas ! Il n’y a pas de différence majeure entre RomneyCare et ObamaCare, le fameux Patient Protection and Affordable Care Act. Comme le dit si bien l’économiste Jon Gruber, qui a été impliqué dans l’élaboration des deux lois : « They’re the same f*cking bill ! »

Romney croyait que le succès éventuel de cette politique le propulserait à la Présidence du pays. En août 2007, Romney promettait d’étendre son programme RomneyCare à l’ensemble du pays s’il était élu Président. Cependant, rien n’a fonctionné comme il le prévoyait.

Suite à la réforme, les coûts de uncompensated care ont augmenté significativement. Contrairement à ce que Romney avait promis, les coûts des soins de santé ont augmenté de façon marquée, si bien que de nouvelles taxes et frais ont dû être levés pour maintenir le programme en vie. Les coûts d’une assurance santé familiale ont continué d’augmenter et coûtent maintenant plus cher au Massachussets que dans n’importe quel autre État. En somme, le programme a été un fiasco monumental, tant au niveau de ses objectifs financiers que de ses objectifs sociaux.

De nos jours, Romney est très critique de ObamaCare et promet d’éliminer le programme s’il est élu. Dans la première édition de son livre No Apology, Romney affirmait qu’il peut « accomplir la même chose [que RomneyCare] pour tout le monde au pays ». Mais dans la dernière édition, suite aux insuccès notoire du programme au Massachussets, cette affirmation a curieusement disparu ! Eh vlan ! La girouette a pivoté !

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