La revue Thauma publie un très riche numéro (n° 9) sur le thème de l’air. Parmi les très nombreux contributeurs on peut citer notamment Pierre Dhainaut, Henry Bauchau, Jacques Roubaud, Ted Hughes, Christine Lavant, Roberto Juarroz, Leonardo Sinisgalli mais aussi Sylvie Fabre G., Gabrielle Althen, Angèle Paoli, Sylvie-E Saliceti, Stéphane Chaumet, Anne-Lise Blanchard, Hélène Durdilly, etc. et Isabelle Raviolo, maître d’œuvre de la revue.
Poezibao propose ici deux extraits relevant du domaine anglo-saxon.
The Poplar/Le peuplier (Seamus Heaney)
Le vent agite le grand peuplier, d’un souffle
En fait du vif-argent. Quelle claire balance
S’est effondrée, laissant l’aiguille qui frissonne ?
Au détriment de quels subtils équilibres ?
Wind shakes the big poplar, quick silvering
The whole tree in a single sweep.
What bright scale fell ant left this needle quivering ?
What loaded balances have come to grief
Seamus Heaney, traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Hersant, revue Thauma, n° 9, p. 110.
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No-where/Nulle part (Kathleen Raine)
Il existe un lieu
Plus réel qu’ici
C’est : nulle part.
Du fond des pays de mémoire
Une joie sans borne
Ouvre ses espaces,
Pays de l’abandon
Vastes comme l’amour, élevés
Comme le cœur désire.
Lointains, lointains
Et aussi immenses que l’absence
Ces bois, ces prairies,
Aussi interminables qu’un départ
Ses fleuves coulent
Hors de portée de l’espérance.
royaumes d’autre part
Dont le temps est : jadis
Dont le lieu est : au loin.
Dans des jardins d’il y a bien longtemps
Ces chants d’oiseau
Parlent de nos amours
Qui ne furent jamais,
Et pourtant – profonds comme la vie,
Et pourtant – tout ce que nous sommes.
Kathleen Raine, traduit de l’anglais par P. Giraudon, revue Thauma, n° 9, p. 101 à 103.
There is a place
More real than here
That is no-where
From regions of memory
Boundless joy
Opens its distances,
Regions of loss
Vast as love, high
As heart aspires.
Far, far
And wide as absence
Those groves and fields
Long as departure
Its rivers flow
Beyond hope’s reach.
Realms of elsewhere
Whose time is once
Whose place is away.
In long-ago gardens
Those bird-voices
Sing of our loves
That never were,
Yet deep as life,
Yet all we are.
Seamus Heaney dans Poezibao :
bio-bibliographie extrait 1, extrait 2, extrait 3
Kathleen Raine dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4,