Le récit de Voyage de Mungo Park restitue sans complaisance cette Afrique jadis active et souveraine, cette Afrique insoupçonnée des petits monarques devenus esclavagistes (à ce sujet, rendezvous sur l'article le devoir de violence de Yambo Ouolouguem).
A mesure qu'il avance à l'intérieur des terres, Park découvre une Afrique industrieuse, commerçante et souveraine, formée d'innombrables États indépendants (et interdépendants) et jaloux, comme dans l'exemple du roi de Kahel de Tierno Monénemebo qui retrace de manière docu-fictionnelle les voyages en Guinée de Olivier de Sanderval.
C'est cette société que Mungo Park nous fait découvrir, un espace historique dense et prospère que la présence coloniale transformera et dénaturera, interrompant et tronquant les échanges entre royaumes, démantelant le commerce, délaissant ou déviant l'agriculture, rabattant cruellement les populations autochtones sur les zones côtières de mise en valeur comme au Ghana, Ce sont pour toutes ces raisons que le témoignage de Mungo Park est unique.BioSon père était un fermier qui, suivant l'usage de l'époque et de ses compatriotes, fit donner à ses enfants une bonne éducation. Dès sa jeunesse, il se montra doué pour les études. Son père eut l'idée de l'orienter vers le religieux. Mungo Park préféra la médecine.
En 1792, Park s'embarqua comme chirurgien sur le Worcester, un vaisseau qui allait dans l'île de Sumatra. A cette époque, l'African society, de Londres, cherchait quelqu'un qu'elle pût envoyer en Nigritie (Soudan occidental).
Mungo Park offrit donc ses services et il partit le 22 mai 1795 sur un navire qui allait à l'embouchure de la Gambie. Mungo Park prit sa route à l'est et se dirigea ensuite au nord-est, traversant divers royaumes (le Woulli, le Bondou). Après bien des péripéties (il failli mourir) il atteignit le 16 septembre Kamalia, ville où Karfa Taoura, marchand d'esclaves, lui donna l'hospitalité.A son retour, Mungo Park fut reçu en triomphe par l'African society et par les anglais. L'intérêt que son retour excita s'accrut encore lorsque ses découvertes furent connues.L'African society lui permit de publier à son profit la relation de son voyage. Il refusa par la suite, une mission que le gouvernement voulait lui confier pour explorer la Nouvelle-Hollande (Australie) où l'Angleterre établissait alors ses premières colonies de forçats. Après avoir joui du succès de son ouvrage " Voyage dans l'intérieur de l'Afrique", (allez ! cadeau ! en cliquant sur le lien vous accéderez à son récit en intégralité ! Merci l'Université de Québec à Chicoutimi!) Mungo Park se maria et exerça la médecine à Fowlshiels. Cependant ses pensées s'envolaient sans cesse vers l'Afrique.
Le gouvernement anglais avait décidé d'envoyer une grande expédition pour descendre le Niger, Mungo Park fut sollicité pour la diriger. Diverses causes retardèrent l'exécution de ce projet. Ce ne fut que le 30 janvier 1805 qui il mit les voiles de Portsmouth Il aborda le 28 mars à Gorée, petite île (petite géographiquement, immense de par son symbole dans le commerce triangulaire de l'esclavage) située près de Dakar. En lisant les lettres qu'il écrivait en Angleterre, il est frappant de constater la satisfaction qu'il exprime et de sa confiance dans l'heureux succès de son voyage.
Il entra en Gambie vers les premiers jours d'avril (et début de grande saison des pluies, ce qui n'étaient pas des conditions favorables). Mungo Park prit alors à son service Isaac, prêtre mandingue (soninké) et marchand pour guider sa caravane. Mi mai, elle arriva enfin sur les bords du Niger à Bamako dans un triste état. Il ne resta plus comme européens avec Park que l'officier et trois soldats, dont un était fou. Peu importe Mungo Park, porté par son enthousiasme parvint à faire de deux vieilles pirogues une grande goélette, qu'il nomma le Dialiba ou Joliba.
"Je vais, mandait-il à lord Cambden, secrétaire d'État. faire voile à l'est avec la ferme résolution de découvrir l'embouchure du Niger ou de périr dans cette entreprise. "
Ce qui fut prémonitoire quasi une épitaphe...Bowdich à Koumassi, dans le royaume d'Ashanti à quarante-quatre lieues au nord du cap Corse, sur la côte d'Or, entendit un autre récit, d'après lequel les gens étaient accourus sur les bords du Niger pour alerter Mungo Park par leurs cris à éviter des écueils. Il ne compris pas leurs intentions et les repoussa. Le navire toucha, l'équipage sauta dans l'eau pour se sauver à la nage mais le courant entraîna tout l'équipage qui se noyat. Ces rapports ne laissent aucun doute sur la fin tragique de Mungo Park. Du 16 novembre 1805 sont datées les dernières notes de voyage de Mungo Park. Cet écossais tôt disparu est le premier Européen à avoir visité l'Afrique en qualité d'explorateur, géographe et d'anthropologue, en homme surtout. Il nous a transmis l'essentiel de nos connaissances sur les sociétés subsahariennes d'avant la colonisation et à posé son regard sur une Afrique industrieuse, bien loin des clichés exotiquement colorés habituellement rapportés.Les rares voyageurs qui l'ont précédé, comme Anselme d'Isalguier originaire de Toulouse et Léon l'Africain (qui en fait était de Grenade) n'ont pas influé autant sur la perception qu'avaient les Européens de l'Afrique. Thomas , le fils de Mungo Park partira en 1827, à 24 ans, à la recherche de son père. Il mourra de maladie à Accra peu après son arrivée. Mungo Park avait publié le récit de son premier voyage sous ce titre Voyages dans les contrées intérieures de l'Afrique, faits en 1795, 1796 a 1797, Londres, 1799
Vous pouvez retrouver les aventures de Mungo Park (mis en fiction, romancées et trucculentes avec Water Music de T.C Boyle. Et tant qu'à être gourmands et curieux, je vous propose de les lire simultanément, enfin en alternance...