Gonzaï est un mag en ligne que l’on a toujours aimé lire, l’un des rares à tenter de perpétuer la tradition de journalistes et critiques comme Hunter S. Thompson et Lester Bangs, ou, pour parler français, Yves Adrien et Alain Pacadis. Les articles sont souvent d’une mauvaise foi délicieuse et il faut dire que ça change des dossiers de presse remâchés qui fleurissent sur les sites musicaux. Depuis le début de l’année Bester Langs et sa troupe ont élu résidence à la Maroquinerie pour une soirée mensuelle consacrée à tous les styles de rock déviant. Ce mois-ci, pour célébrer les 40 ans du mythique album Tago Mago de Can, ils proposaient un plateau psyché-kraut-disco pour le moins alléchant, avec en point d’orgue la venue de l’ex-chanteur des krautrockeux de Cologne, le Japonais Damo Suzuki.
En apéritif, Judah Warsky interprétait des titres de son premier album solo, Painkillers & Alcohol, sorti il y a quelques jours chez Pan European (et disponible en vinyle édition limitée à 500 exemplaires). Malgré, ou plutôt grâce à une technique de chant approximative, le leader des Chicros et clavier de Turzi livre une performance agréablement hypnotisante, seul en scène. S’appuyant sur des structures répétitives à la Steve Reich ou Terry Riley, mais en les renforçant avec des beats techno minimalistes, Warsky tempère le côté expérimental de sa musique par ce chant pop fragile. On retiendra notamment un "Failure To Comply" extrêmement réussi, et finalement plus proche de Koudlam que de Turzi.
Finalement, la grosse surprise de la soirée viendra du dernier set, celui de Publicist, alias Sebastian Thomson, batteur du groupe américain Trans Am. Imaginez un type torse nu, arborant une énorme chaîne en or, martelant les fûts de sa batterie au milieu de la fosse sur des instrus préprogrammés, et chantant à travers un vocoder pour un effet rétro-futuriste maximal. Oui, c’est effectivement difficile à concevoir. Mais ça marche. En moins de 5 minutes, la Maroquinerie se transforme en dancefloor. Le bonhomme est une vraie bête de scène et m’a même donné envie de réécouter son Hard Work EP, qui m’avait laissé de marbre à la première écoute. Inégal sur disque, son groove robotique mêlant disco à la new-yorkaise et synthés cosmiques est bien plus consistant en live. Une jolie conclusion pour une soirée à la hauteur de ce qu’on était en droit d’attendre d’un site atypique comme Gonzaï. Longue vie à eux !
Gonzaï
Les sites d'Aquaserge, Publicist et de Damo Suzuki
Judah Warsky sur Bandcamp
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