Isamu et Minoru vivent avec leurs parents dans un lotissement de la banlieue de Tokyo. Ils sont à l'origine, sans le vouloir, d'une querelle de voisinage : des voisins ont un poste de télévision qui attire les enfants du quartier. Les deux gamins demandent à leur père d'en acheter un. Celui-ci refuse et leur ordonne de se taire. Le prenant au mot, les garçons décident une grève de la parole et refusent de parler à quiconque. Les voisins, constatant que leurs salutations matinales restent sans réponse, en déduisent que la mère des deux garçons leur en veut...
Comme "Fleurs d'équinoxe", "Bonjour" tourne autour du sujet de prédilection de Yasujirô Ozu : l'opposition entre l'ancienne et la jeune génération, la question de l'obéissance et du respect dus aux parents.
C'est en quelque sorte la reprise des "Gosses de Tokyo" film muet réalisé en 1938 où deux enfants entament une grève de la faim pour protester contre la soumission de leur père vis-à-vis de son patron. Ici, il s'agit d'une grève de la parole, et l'objet du conflit est la télévision, symbole (en 1959, date de tournage du film) d'un Japon en pleine mutation. Ozu s'amuse, ici, des rapports d'un père avec ses fils.
Souvent, les enfants sont particulièrement insolents chez Ozu, mais avec une telle fraîcheur !!
Dernièrement, je me suis octroyée - longues soirées de solitude obligent - une rétrospective des oeuvres du maître ... C'est à chaque fois une merveilleuse découverte que de pénétrer l'intimité de ses oeuvres !
Ainsi j'ai revu :
- Le choeur de Tokyo - Tokyo no koraou (1931)
- Gosses de Tokyo - Umareterva mitakaredo (1932)
- Une auberge à Tokyo - Tokyo no yado (1935)
- Printemps tardif - Banshun (1949)
- Eté précoce - Bakushû (1951)
- Le goût du riz au thé vert - Ochazuke no aji (1952)
- Voyage à Tokyo - Tokyo monogatari (1953) - lien sur le blog
- Printemps précoce - Sôshun (1956)
- Fleurs d'équinoxe - Higanbana (1958)
- Fin d'automne - Akibiyori (1960)
- Le goût du saké - Samma no aji (1962)
ainsi que ma nouvelle acquisition : le jubilatoire Bonjour - Ohayô (1959)
Tous ces films dans ma vidéothèque ne représentent qu'une infime partie de l'oeuvre d'Ozu. Quel bonheur d'avoir encore tant de petits trésors à découvrir ...
« Les étrangers, un jour comprendront mes films » déclara Ozu vers la fin de sa vie, « enfin non. Ils diront comme tout le monde que mes films sont très peu de chose ».