Au cours des premiers mois après la naissance, il est parfois bien difficile de comprendre toutes les subtilités d’un jeune bébé, alors les parents se réjouissent
lorsque leur bambin se met enfin à parler plus clairement vers l’âge de deux ans. Mais, à partir de ce moment, un nouveau défi se présente aux parents. C’est celui de continuer à lire entre les
lignes et de comprendre au-delà des mots parce que jamais ceux-ci ne seront assez riches pour tout traduire de la fabuleuse complexité de l‘Être, en aucun moment de la vie, même lorsque le bébé
aura grandi.
Les mots ne révèlent pas tout…
Pour l'enfant qui parle couramment, demander à manger, à boire, préciser le jouet qu'il veut, parler de son désir du moment, oui, tout cela est de plus en plus
facile. Il arrive de plus en plus clairement à nommer tout ce qui concerne ses besoins physiques et ses souhaits, mais si son cerveau, si les connexions entre les neurones, si la physionomie de
sa bouche et de son larynx et si son audition lui permettent maintenant de prononcer plus facilement presque tous les mots, d'autres obstacles l'empêchent quand même de s'exprimer totalement. La
maîtrise de la parole est une victoire, mais qui cache des pièges : « Enfin, on va pouvoir mieux comprendre notre bébé », se disent les parents soulagés. Attention! Malgré les apparences, le jeu
se corse et un danger se dessine. Malgré les mots que le bambin commence à prononcer, l’enfant ne révèlera pas tout ce qui habite son cœur parce que ce qui l’habite se cache souvent en des replis
inconscients…
Les émotions enfouies…
Le XX ième siècle a été témoin d’une nouvelle façon de considérer l’humain. On peut critiquer Sigmund Freud sur plusieurs points (surtout d’après moi sur sa vision
de la femme), mais c’est quand même grâce à lui que l’on a appris qu’une vie intérieure s’active sous la surface de notre conscience, la plupart du temps à notre insu. Le pas qu'il reste à faire
maintenant est de reconnaître qu’un inconscient -un bagage intérieur, une face cachée- habite aussi les sous-sols du bébé et de l’enfant prénatal comme chez l’enfant plus vieux et l’adulte.
David, dans l’histoire suivante, nous l'a rappelé en nous racontant ce qui habitait son cœur et son esprit (sa sphère mentale).
L'histoire de David qui ne tenait pas en place...
Une très grande peur…
La Conscience de l’enfant nous a révélé être habité d’une très grande peur, une véritable panique d'être mis de côté et que cela durait depuis la naissance de son
petit frère alors que David était lui-même âgé de trois ans. Et cette peur était justifiée. Pour une raison que nous avons aussi abordée, sa mère nous a dit ne pas être capable d’aimer deux
personnes en même temps. À la naissance de David, elle a cessé d'aimer son conjoint. À la naissance du petit frère, elle a cessé d'aimer David. Elle assumait les gestes du quotidien et prenait
soin des besoins physiques de David et de son conjoint tout comme avant et, de l’extérieur, rien n’avait changé, personne n’aurait rien remarqué, mais le sentiment d'amour était disparu. Elle
avait reporté tout son intérêt et son investissement sur le nouvel arrivant.
Son conjoint s'en était accommodé, mais pas David qui avait encore énormément besoin d’une maman présente et investie auprès de lui. Maintenant, l’agitation de
David essaie de révéler à ses proches l'ampleur de sa panique. Il réagit à la disparition de l'amour de sa mère. Celle-ci nous a dit en être consciente depuis longtemps, mais ne pas savoir
comment changer cela en elle. Elle a d'autant plus tardé à se pencher sur ce problème qu'elle en a terriblement honte : « Quelle mère peut donc être capable de cesser d'aimer son enfant », nous
a-t-elle dit en regardant le plancher.
Un autre élément important…
Mais, on en a encore appris un peu plus : David a conclu que c'était sa faute à lui si sa mère ne l'aimait plus. Ce sont ces pensées qui le font le plus souffrir.
L’enfant crot qu'il a cessé de mériter l’amour de sa maman, mais sans savoir pourquoi. Mettre en mots la teneur de sa panique a déblayé le chemin de sa guérison. En comprenant à quel point ses
propres émotions perturbaient son fils, la mère a rassemblé son courage pour prendre soin de la souffrance à la racine de cette réaction en débutant un double suivi en psychothérapie avec un
thérapeute qu’elle connaissait déjà et en P.A.B. avec moi. Le père a aussi accepté d’investir plus de temps auprès de David et de sa conjointe. Au cours de l'année scolaire, la maîtresse a
constaté une nette évolution, et en juin, David pouvait se concentrer avec bonheur facilement 50 minutes avec bonheur sur une activité.
La fable de l’éléphant…
Prendre séparément chacun des différents symptômes de David rappelle la fable où plusieurs aveugles décrivent un éléphant. La connaissez-vous cette histoire? En n’y
voyant rien, chacun tente de cerner l’animal à partir de la seule petite partie qu’il a touchée. L’un parle de l’éléphant en décrivant la queue, l’autre de l’oreille, et les autres du dos ou
d’une patte. Personne n’a accès à l’animal dans sa globalité. Imaginez ce que chacun décrit!
Chez David, les crises d’agressivité, l’insomnie, les pleurs et la tristesse, l’hyperactivité, le manque de concentration et l’automutilation font tous partie d’un
même tout qu’il convient d’aborder simultanément et globalement. En nous élevant au-dessus de l’ensemble de tous les symptômes, on a pu appréhender la réalité globale et complète de la situation
intérieure de David en y englobant ce que vivaient les deux parents au lieu d’essayer d’associer un remède différent à chacun d’eux et de se retrouver avec un cocktail chimique dont le mariage
est à craindre.
Brigitte Denis donne la Parole au bébé, tant avant qu’après sa naissance.
Elle oeuvre au Québec (Estrie et Montréal) et en Europe une fois/année au printemps