Michel Boujenah, qui joue au théâtre le héros du film de Woody Allen « Whatever Works« , savoure le plaisir d’interpréter ce personnage de juif new-yorkais, « un type né en dépression », pour en faire « un juif à Paris ».
« J’adore ça », dit le comédien et humoriste . « Il est boiteux, plus vieux que moi, hypocondriaque, misogyne, misanthrope, paranoïaque », s’amuse-t-il à énumérer. « On est très éloignés lui et moi, c’est pour ça que c’est très, très amusant de le jouer. »
L’adaptation théâtrale de « Whatever Works« , dans une mise en scène de Daniel Benoin, sera présentée au Théâtre national de Nice à partir de mardi jusqu’au 10 avril, puis au Théâtre Marigny à Paris à partir du 17 avril.
« C’est quand même Woody Allen que je vais jouer, et pour moi ce n’est pas neutre, même si nous sommes évidemment très, très différents », ajoute Michel Boujenah.
L’humoriste, qui a croqué une série de portraits de juifs franco-tunisiens dans ses sketches comme « Albert » (1980), « Les Magnifiques » (1984), ou « Les Nouveaux Magnifiques » (2004), admet pourtant « une adéquation très forte » entre le personnage du film et lui-même, « au niveau de la culture, des références ».
Michel Boujenah, qui délaisse brièvement le one man show, se réjouit d’avoir pu « dégager du temps » pour « Whatever Works« , alors qu’il est occupé à écrire son troisième film et que son dernier spectacle en solo, « Enfin libre« , « va doucement vers sa mort ».
« On va créer ce spectacle à Nice. Moi, je suis très content. J’aime la Méditerranée », assure l’acteur, né à Tunis en 1952.
« Mais je n’aime pas les villes. Je suis malheureux dans les villes », poursuit-il, suivant le fil de sa pensée comme s’il déroulait un sketch. « J’aime en premier la mer, mais parmi les mers en premier la Méditerranée, en deuxième la campagne. Je déteste la montagne parce que j’ai le vertige. »
« Je me sens mal à New York », dit-t-il encore, alors que le personnage de la pièce, « vous le mettez au bord de la Méditerranée, il fait une dépression nerveuse direct ».
Michel Boujenah revient à la pièce dont l’intrigue se déroule en France: « Je ne vais pas essayer de jouer un juif new-yorkais. Je joue un type qui a failli être Prix Nobel, qui est hypocondriaque, qui n’aime pas les médecins, qui ne veut plus faire l’amour, dont le seul désir c’est d’être isolé de ce monde (…) et je veux le jouer à ma manière. » « Pour moi, « il est juif à Paris », affirme-t-il.
« A part cette pièce, mon objectif fondamental est de finir d’écrire mon troisième film », confie le comédien, déjà auteur de « Père et fils » (2003) et « Trois amis » (2007).
L’humoriste, qui avait reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour sa prestation dans le film de Coline Serreau « Trois hommes et un couffin » (1985), réfléchit, avant d’assurer: « Si un jour j’arrête le one man show, vraiment ce sera pour devenir metteur en scène de cinéma tout le temps. »
Mais, précise-t-il, « pour l’instant, je n’ai pas envie ». « Je prends du temps pour vivre. On ne peut pas écrire si on ne vit pas. » « Ou alors », ajoute-t-il, « il faut faire comme Proust: la moitié de sa vie, on la vit et l’autre moitié, on passe sa vie à écrire la moitié de la vie qu’on a vécu. »
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