Le héros créé par Edgar Rice Burroughs (le même que Tarzan oui) ne fait pas partie de mon imaginaire immémorial. J’ai découvert l’existence de l’œuvre via le feuilleton de sa mise en route cinématographique à l’époque où Robert Rodriguez et consorts essayaient de lui donner vie sur grand écran. L’historique de la relation entre l’œuvre de Burroughs et le grand écran, ces décennies d’abandon et de déroutes, de promesses et d’attente, est aussi épique et dense que le récit des aventures de Carter lui-même. Depuis quelques semaines, le récit de l’arrivée tant attendue de John Carter sur grand écran est raconté aux quatre coins d’Internet. Depuis quelques jours, l’échec annoncé du film fleurit encore plus. J’ai moi-même caressé un instant l’idée de faire un billet somme pointant du doigt ce film que tous analysent déjà avec condescendance. Et puis je me suis ravisé. A quoi bon, finalement.
Il y a tant de personnes qu’il serait possible de blâmer pour tenter d’expliquer pourquoi John Carter n’est ni le grand film d’aventures SF qu’il aurait pu être, ni le blockbuster qu’il aurait dû devenir au box-office. John Carter est un film malade, artistiquement et financièrement. Il s’en ira probablement mourir dans l’inconscient populaire collectif – en France encore plus facilement qu’aux États-Unis – au même rythme que Disney, qui en sera de plusieurs dizaines (centaines ?) de millions de dollars dans l’affaire, ravalera sa fierté et tirera un trait sur toute perspective de faire du héros d’Edgar Rice Burroughs le fer de lance d’une nouvelle saga cinématographique.