Tante Isabelle hérite de sa sœur une entreprise de thon appelée Atunes Consuelo, située à Mazatlán, Mexique. Consuelo : Consolation, le nom le plus inadapté pour la pêche industrielle de la planète. Elle a hérité également de sa nièce, Karen. Isabelle s’est donnée pour mission de transformer cette chose en être humain. Une fillette qui ne parle pas, se contente de grogner, refuse les couverts, mange avec les doigts, même du sable mouillé. Une autiste irrécupérable, avec quelques pointes de génie. C’est MOI.
«Voilà comment je suis née, Moi, un 21 août 1978, face à la mer, en criant Moi à pleins poumons, complètement formée et tondue, tout à sa place, y compris les socquettes et les sandales.» Son premier travail à la conserverie a été d’essayer tous les uniformes. « Moi, ce que je veux, c’est voir si les uniformes de l’usine me vont. L’uniforme de camionneur, du docker, d’ouvrière de marin, mais un attitre particulièrement son attention, une découverte qui influença son parcours. Celui de plongée. Une combinaison en néoprène bleu : Et moi, toute entière étendue au fond du sable de l’océan, je me mets à exister. À être. » Un certain Monsieur Gould, milliardaire, vient rencontrer Tante Isabelle et celle que l’on surnomme désormais Mademoiselle Capacités différentes pour lui présenter un plan de redressement pour sa conserverie moribonde. Et l’univers de la pêche industrielle du thon s’en trouvera transformé…
Sabina Berman, Mexicaine juive, poétesse, dramaturge et réalisatrice, nous offre ici un très séduisant roman. Parfois moraliste, philosophique, écologique, humoristique, étrange, atypique, génial, attachant, original comme on les aime, on le quitte avec un manifeste regret.