Hier les votations ont été l'occasion pour le peuple suisse de refuser deux sur les trois objets liberticides, ceux relatifs au "prix unique du livre" ici par 56,1% des voix et aux "six semaines de vacances annuelles pour tous" ici par 66,5%.
C'est presque un sans faute. Ce n'est évidemment pas satisfaisant pour ceux qui défendent société et économie libres.
L'écart entre les oui et les non étant de 28'445 voix, il s'en est donc fallu de quelque 14'223 électeurs votant non au lieu de oui pour que l'objet liberticide sur le quota unique de "20% de résidences secondaires" dans toutes les communes de Suisse ici ne soit, lui aussi, refusé.
Au début du mois de février 2012 le sondage, mandaté par la SSR, devenue entre-temps RTS, de l'institut de recherche gfs.bern ici révélait que 61% des personnes interrogées étaient prêtes à accepter cet objet, contre 27% prêtes à le refuser et 12% d'indécis.
Un sondage effectué par le même institut il y a 12 jours, soit trois à quatre semaines plus tard, montrait que le camp des oui n'était plus que de 52% face aux 37% du camp des non, 11% restant indécis. Le résultat final - 50,6% de oui et 49,4% de non -, montre que la campagne des opposants n'a peut-être pas été assez longue ou qu'elle n'a pas été assez rondement menée dans les villes.
Car le résultat fait apparaître un fossé entre cantons touristiques de montagne et cantons urbains du plateau. Ce fossé, que d'aucuns appellent déjà Alpengraben, par analogie avec le Röstigraben, montre que les citadins ont voulu faire le bonheur des montagnards malgré eux, ce qui est une justification bien connue dans les régimes ...totalitaires.
Les citadins ne subiront évidemment pas les conséquences de ce vote et pourront sans frais se donner le beau rôle de prétendument protéger le paysage contre leurs habitants, noble cause en comparaison des médiocres soucis matériels de ces populations alpines qui ne pensent qu'à... vivre et rester chez elles.
En attendant le fédéralisme en aura pris un sacré coup. Ce quota arbitraire de 20% n'est-il pas en contradiction avec l'article 75 de la Constitution fédérale qui dit que l'aménagement du territoire incombe aux cantons ? Certes la Confédération en fixe les principes, selon ce même article, mais un quota est-il un principe ou un pur instrument d'autorité, un instrument arbitraire ?
Quand on diminue l'offre, inévitablement les prix montent. Les prix des résidences secondaires vont donc monter, pour le plus grand profit de ceux qui les possèdent. Inversement les prix des résidences principales et des terrains vont baisser, au détriment des autochtones. Ce n'est pas le problème de Franz Weber, Monsieur 20%, [dont la photo provient d'ici] qui n'a que des tourments de vieil esthète, imposés par lui, sans vergogne, aux autres.
Quand un objet est adopté, tel que celui-là, "à la raclette", comme l'a dit un média, ne faut-il pas en faire une application compréhensive pour les perdants ? Si ce n'est pas le cas - Franz Weber veillera au grain, il l'a promis -, il faut s'attendre à ce que la loi d'application soit contournée. Ainsi jouera-t-on sur les épithètes attribuées aux résidences.
Une résidence secondaire en fait pourra, par exemple, être officiellement une résidence principale ou une société immobilière qui permettra de dissimuler la résidence secondaire que Franz Weber ne saura voir... malgré toute son énergie à vouloir faire courber l'échine des principaux intéressés, pour lesquels il n'a pas la moindre sympathie.
Francis Richard