Nous sommes rentrés dans ce que j’appelle une campagne twitter. Une campagne de petites phrases, de slogans, de propositions choc plus destinées à faire du bruit que du bien au pays. La taxation à 75% de Hollande ou celle des grosses entreprises par Sarkozy, en sont les exemples types. Tout est symbole, rien ne traite le fond !
Notre pays est au bord de la faillite et on nous parle de viande Hallal, de
taxer les très hauts revenus à 75% et des footballeurs qui vont émigrer en
masse, d’une carte vitale biométrique, d’immigration ou de retirer le mot
« race » de la constitution…quand ce n’est pas des peoples qui
soutiennent un tel ou un tel !
Même la récente proposition de Hollande de rembourser à 100% les IVG, aussi
bonne que soit l’intention et aussi contestable que soit la proposition, n’est
pas à la hauteur des enjeux.
Contrairement à ce qu’on aurait pu espérer, ni Hollande ni Sarkozy, ne
semblent avoir pris la mesure de la gravité de la situation.
Le premier ne dit plus grand-chose d’intéressant, considérant probablement
qu’il n’a plus rien à ajouter à son projet. Hollande est en roue libre, et à sa
place j’en ferais autant. Manifestement, il ne souhaite rien dire qui risque de
froisser sa gauche, alors il reste avec ses incohérences et ses insuffisances
et tant pis si le jour venu il lui faudra décevoir ses fans.
Quelques petites sorties spectaculaires de temps en temps histoire de tenir
encore les 2 mois qui lui reste avant le premier tour et roule ma
poule.
Le second fait diversion, comme le dit très bien Bayrou. Il débite à un
rythme frénétique les propositions, tout y passe, de la création d'une
Agence de recouvrement des pensions alimentaires à un 589 623ème plan banlieues
en passant par une taxe symbolique de plus sur les grosses sociétés.
Il se démène comme un beau diable pour faire croire qu’il est un candidat
comme les autres mais à chacune de ses propositions on ne peut s’empêcher de se
demander pourquoi il n’en a pas eu l’idée avant.
Le sommet en la matière a été atteint hier à Villepinte, ou il ne fut jamais
question d’économie sauf à considérer que faire l’apologie du protectionnisme
constitue un véritable projet.
Si on ajoute à cela la réapparition des vieux leitmotivs d’une droite qui
confond populaire et populiste, on a vraiment l’impression de revenir 5 ans en
arrière.
Le problème de ces candidats, c’est qu’ils n’ont pas de solutions pour
redresser le pays, alors ils occupent le terrain avec des sujets accessoires et
symboliques afin de ne pas avoir à avouer leur vacuité.
Et pourtant, force est de constater que le modèle français ne fonctionne
plus !
Lorsqu’un pays réussit à cumuler une dépense publique record supérieure à 53%
du PIB, une croissance anémique, un taux de chômage élevé, un déficit
structurel « massif », un déficit extérieur croissant et une
insatisfaction généralisée, ce n’est pas avec une réforme de la fiscalité aux
effets douteux ou un « Buy European Act » qu’il va s’en
sortir.
Et que l’on vienne pas nous faire croire que c’est la remise en cause de la
loi TEPA (de ce qu’il en reste) ou la suppression du taux réduit de TVA sur la
restauration qui financeront notre budget, nos retraites et notre sécurité
sociale. Quand aux riches, même taxés jusqu’au trognon, ils ne sont pas assez
nombreux pour renflouer les caisses de l’Etat.
D’ailleurs les français ne s’y trompent pas puisqu’ils ne sont que
40% à considérer le programme économique de François Hollande comme
« crédible » ….et encore le chiffre est-il largement faussé par le
soutien massif et sans faille dont font preuve les sympathisants PS qui dans
une belle et peu critique unanimité, sont 80% à prétendre y croire !
Quand au programme économique de Sarkozy, encore faudrait-il qu’il y en ait
un pour pouvoir interroger les français dessus !
Or, et contrairement à ce prétendent les Mélenchon, Joly et autres Le Pen,
la France ne s’en sortira pas sans un allégement significatif de ses dépenses
publiques.
Et qu’avons-nous entendus sur ce sujet depuis le début de cette campagne ?....rien, que dalle, nada !
Seul
François Bayrou semble prêcher dans le désert en répétant inlassablement
« Réduire la dépense, équilibrer les recettes, voilà le seul chemin à
suivre », mais évidemment difficile avec de tels propos de provoquer
l’hystérie dans les meetings ou de faire les gros titres des médias.
Rien de sérieux sur LE sujet qui devrait faire l’objet de tous les débats.
Rien sur la réduction des déficits publics et la croissance.
Aucune ligne directrice forte, aucune stratégie de refondation nécessairement
sur le long terme, au lieu de ça, nous baignons dans le petit calcul politique,
dans l’immédiat, dans l’éphémère, rien n’est envisagé sur la durée.
Pourtant, tout est là, tout le reste n’est que littérature, une petite
littérature de moins de 140 caractères !
Or pour traiter les questions de fond, il faut du temps et donc de la patience
et du courage. Du courage, c’est probablement cela qui manque à nos deux
candidats, du courage.
C’est une bien triste campagne que nous avons là !