Les chercheurs du Brigham and Women's Hospital et de la Harvard School of Public Health (Boston) rappellent que les statines sont parmi les classes les plus prescrites de médicaments et que d'autres chercheurs ont déjà émis l'hypothèse que leurs effets anti-inflammatoires et immuno-modulateurs peuvent aussi leur conférer des effets neuroprotecteurs. Cependant, les statines peuvent également avoir des effets indésirables sur l'abaissement du niveau dans le plasma de la coenzyme Q10, une enzyme neuroprotectrice chez les patients atteints maladie de Parkinson.
Le Dr Xiang Gao, de la Harvard School et ses collègues ont mené leur étude prospective à partir des données portant sur 38.192 hommes et 90.874 femmes participant à 2 grandes études de cohorte, la Health Professional Follow-up study and la Nurses' Health study. Durant les 12 années de suivi, de 1994 à 2006, les chercheurs ont documenté 644 cas de développement de maladie de Parkinson (338 chez des femmes et 306 chez des hommes).
Statines et moindre risque de Parkinson : Mais les chercheurs ont aussi observé une association entre l'utilisation régulière de statines et un risque moindre de développer la maladie de Parkinson, en particulier chez les patients plus jeunes (de moins de 60 ans au début de l'étude). Des résultats néanmoins à interpréter avec prudence, précisent-ils, car seulement environ 70% des utilisateurs d'anti-cholestérol étaient utilisateurs de statines. Les chercheurs expliquent qu'ils n'ont pu vérifier, dans les données fournies, l'utilisation spécifique des statines spécifiques vs autres médicaments anti-cholestérol, et leurs effets respectifs sur le système nerveux central.
Les auteurs notent que non seulement les études épidémiologiques ont produit des résultats mitigés sur l'utilisation des statines et le risque de maladie de Parkinson, mais que les statines peuvent également avoir des effets indésirables sur le système nerveux central.
Alors statines, réducteur de Parkinson ? Les résultats de l'étude le suggèrent, mais rien n'est moins sûr, si l'on considère spécifiquement chaque sous-type de statines. Car, contrairement à l'ibuprofène, inversement associé au risque de maladie de Parkinson, dans ces cohortes ainsi que dans d'autres études grandes longitudinales, les données épidémiologiques relative à l'association Statines-Parkinson restent discutables, reconnaissent eux-mêmes les auteurs. En fait, ici, et au-delà de ces résultats, il faut tenir compte des effets négatifs potentiels des statines. Donc la piste reste à explorer mais d'autres études observationnelles prospectives seront nécessaires pour étudier sous-types par sous-type de statines le risque associé de maladie de Parkinson et d'autres maladies neurodégénératives.
Source: Arch Neurol. 2012;69[3]:380-384 Prospective Study of Statin Use and Risk of Parkinson Disease (Visuel NIH)