Titre : Mille soleils splendides
Editions: 10/18 éditions,
Quatrième de couverture: “Forcée d’épouser un homme de trente ans son aîné, Mariam ne parvient pas à lui donner un fils. Après dix-huit années de soumission à cet homme brutal, elle doit endurer une nouvelle épreuve : l’arrivée sous son propre toit de Laila, une petite voisine de quatorze ans. Enceinte, Laila met au monde une fille. D’abord rongée par la jalousie, Mariam va finir par trouver une alliée en sa rivale. Toutes deux victimes de la violence et de la misogynie de leur mari, elles vont unir leur courage pour tenter de fuir l’Afghanistan. Mais parviendront-elles à s’arracher à cette terre afghane sacrifiée, et à leur ville, Kaboul, celle qui dissimulait autrefois derrière ses murs ” mille soleils splendides ” “
Hosseini a utilisé dans ce roman des sentiments universels, ceux de l’amour et de l’amitié, et l’instinct de survie pour nous montrer à travers cette histoire tragique, son pays l’Afghanistan, et ce, à plusieurs échelles. A l’échelle sociétale d’abord, puis à une moindre échelle, celle de la cellule familiale.
La tragédie qui touche ces femmes afghanes est monstrueuse, femmes dominées par une misogynie incommensurable et innommable. L’auteur nous raconte à sa belle manière l’évolution de l’inégalité dont sont victimes les femmes afghanes. Depuis les années 1980 jusqu’à l’arrivée des talibans en 2000, où cette inégalité a pris une tournure ubuesque. Même la chirurgienne dans son bloc est tenu de garder sa burqa au sein du bloc opératoire, où il n’y a que des femmes. Simple détail issu de l’imaginaire fécond de l’auteur, ou fait avéré retranscrit, j’aimerai bien le savoir.
La femme ne semble avoir aucune chance de s’en sortir dans cet Afghanistan là. Mais les deux héroïnes ne baissent pas les bras, et avec de la chance, de l’obstination et au prix de chers sacrifices, mais aussi grâce à la force que procure le sentiment amoureux un espoir semble poindre. Je ne sais pas s’il faut se laisser bercer par la fin optimiste de ce roman. L’auteur a bien sur la liberté de donner à son histoire le ton qu’il veut, et il n’y a rien de maladroit à cela, cependant, il faut dissocier entre l’optimisme romanesque, de ce livre, de ce qui se passe dans la réalité.
Ce roman est d’une actualité perpétuelle, dans le contexte politique actuel, où la laïcité et islamisme politique font débat. En pointant du doigt l’islam, à travers l’islamisme (notez bien la nuance entre les deux), notamment dans des discours de droite comme en France, les calculs politiciens électoralistes flirtent avec la xénophobie. Un autre contexte politique lui aussi, situé dans ces pays dits arabes post révolutionnaires, devrait appeler à une extrême prudence. Car les islamistes, avec les pseudos discours moralisateurs, finissent par imposer leur visions pas toujours en phase avec l’ère que nous vivons. Faut-il leur faire confiance ? Même s’ils se disent modérés ou pas, la lecture de ce roman invite à plus de réflexion et de prudences.
Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965. Fils de diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d’asile aux Etats-Unis en 1980. Son premier roman, Les Cerfs-Volants de Kaboul, est devenu un livre culte et Mille soleils splendides connaît à son tour un succès international. Khaled Hosseini vit aujourd’hui en Californie.
Roman lu dans le cadre du challenge Tour du monde, organisé par Livresque.
Pays N°28, L’Afghanistan.