Houlà, voilà que je me mets à faire des billets sur la fidélité. Il est né d’où celui là ? Et bien d’une série de mails reçus et de messages, sur mes positionnements anarchistes, et qui portaient sur la notion de couple et de fidélité (oui c’est l’époque qui veut cela, on parle avant tout du cul de l’autre plutôt que de ses idées).
Du coup, je me suis dit que j’allais répondre, donner ma définition, enfin plutôt mon ressenti, mes « envies », etc… Mais surement pas un truc qu’il faut suivre à la lettre !
In fidelis veritas…
Bon, je vais déjà mettre à l’aise une partie des lecteurs, je ne suis pas devenu moraliste et chiant, rassurez vous.
Mais, je vais commencer par briser une définition. Fidélité au sens commun dans un couple s’entend par « être fidèle à l’autre par l’esprit et le corps ». Autrement dit, on ne dit pas de mal de l’autre, on ne le dénigre pas et on ne couche pas avec une autre personne. Cette définition, celle de la morale, souvent issu du judéo-christianisme, peut être acceptée, et si elle l’est par les deux partenaires, c’est parfait. Mais elle peut aussi sembler étroite. Ne pas convenir à un ou aux deux personnes formant le couple.
N’oublions pas que le couple, ce n’est pas un plus un qui font un, mais toujours un plus un qui font deux. Le couple c’est l’assemblage de deux personnes, de deux caractères, de deux chemins de vie. Et souvent de deux visions différentes de la vie. Alors, du coup, on se demande : « mais moi, est ce que la vie de couple, avec le chien, la maison, le crédit auto ça me va ? J’aime l’autre, je suis bien avec, mais est ce que je souhaite cela ? Et puis la fidélité d’esprit et de corps, pour l’esprit ok mais le corps… »
Je suis volontairement provocateur. Mais la question se pose : et si la fidélité n’était issue en réalité que d’une norme morale ? Ne vit on pas mieux si on la définit à deux, clairement, la rendant mouvante mais libre afin, justement, de se libérer ?
Le dialogue, c’est la clef
Pour qu’un couple fonctionne, faut que les deux se causent. C’est un peu ce que l’on entend en boucle souvent. Mais combien de couples le font réellement ? Dans combien de couples le dialogue est réduit à peau de chagrin, par peur de « perdre l’autre », de « blesser » ou juste parce que « parler ça ne sert à rien, on s’aime ».
Sauf que… Même si on s’aime, on évolue. Personne n’est identique à vingt ans, à trente et ainsi de suite. Et du coup, la relation de couple ne peut qu’évoluer ! Et si on ne se parle pas, c’est la catastrophe assurée.
Donc il faut parler, de tout, que ça aille des enfants (s’il y a) en passant par l’avenir, de la sexualité en passant par le rapport à la belle-famille, pas de tabou. Et du coup, la fidélité doit faire partie intégrante du dialogue.
Oui le dialogue est une prise de risque, mais la vie sans risque n’est que survie.
Ne pas subir la norme morale ce n’est pas la combattre à tout prix
La pression sociale est une réalité. Oui l’injonction de fidélité telle que vue au dessus est forte. Mais si elle peut convenir à beaucoup de monde, cela n’est pas non plus dramatique, tant que c’est réfléchi, pensé à deux et que c’est accepté comme étant naturel, normal pour le couple.
Attention, je profite de ce moment pour souligner une chose : tout ce que j’écris ne peut s’entendre qu’entre deux personnes qui se respectent, se donnent les mêmes droits (égalité parfaite, pas de patriarcat ou de machisme dans les couples hétérosexuels, pas de reproduction de ce type de comportements dans les couples homosexuels). La notion développée ici ne peut être vu que dans ce cadre, car sinon, tout est faussé, malsain et « pour le plaisir d’un seul » souvent. Libertaire comme vision, pour être plus clair.
Donc, pour ceux qui choisiraient de sortir des sentiers battus, que ce soit en pratiquant l’amour libre, en se laissant le droit d’aller voir ailleurs, d’aimer plusieurs personnes, de vivre autrement que ce qu’exige la norme (que ce soit l’habitat, le mode de cohabitation, etc…), c’est bien le dialogue qui doit prévaloir, et donc l’instauration de règles. Oui car fixer à deux une façon de vivre, cela s’apparente à des règles communes. Et ce n’est en rien un problème en soit. Tant que l’on part de l’idée que règles n’est pas dogmes, et que donc tout est toujours révisable. Questionnement et remise en question.
Il n’est pas obligatoire (voir même déconseillé) d’avoir la conversation en une seule fois, d’un coup, d’un bloc. Elle peut (doit) s’étaler dans le temps, par petites touches. Néanmoins, les sujets doivent couvrir tous les aspects qui interrogent l’un ou l’autre, ou les deux.
Que cela soit lié à la vie courante (fidélité de l’esprit) comme à la sexualité, rien ne doit être tabou. Aucun sujet ne doit être évité parce qu’il « gène ». Si les choses sont posées trop crument, il convient à la personne qui a soulevé le sujet de reformuler, de prendre le temps de l’explication, du repositionnement, pour permettre à l’autre de faire son chemin sur le sujet. De la même façon, le harcèlement (revenir sur le sujet sans cesse) n’est pas une méthode de dialogue acceptable, il convient de ne pas l’oublier. On ne négocie pas l’achat d’une voiture, on ne négocie pas d’ailleurs, on pose simplement un cadre de vie.
Le territoire couple
Les discussions doivent amener à des compromis où chacun trouve son compte. Et surtout pas des concessions, qui ne sont que sources de frustrations. Il s’agit donc de trouver le point d’équilibre, forcément précaire car, comme vu au dessus, on évolue. Mais ce positionnement doit permette la meilleure des relations.
J’ai tendance à voir le couple comme un territoire habité par deux personnes. Du coup, la cohabitation nécessite une réelle prise de risque parfois, mais surtout une écoute et un temps d’adaptation aux situations.
Prenons un exemple. Dans un couple qui déciderait d’avoir le droit à des relations sexuelles extraconjugales, à condition que rien ne soit raconté et que tout soit franc (dire qu’on sort et pas qu’on va voir sa mère), croire que la jalousie n’existera pas, c’est se mentir. Il faudra donc que les deux partenaires soient ouverts l’un à l’autre, pour permettre le droit de s’exprimer. Dire que l’on a souffert, ou que ça ne nous a pas plu, ce n’est pas dire « tu n’as plus le droit de faire ceci ou cela » mais simplement signifier à l’autre que « finalement, c’est plus dur que prévu ». Savoir entendre cela, pour poser calmement les choses, c’est essentiel. Trouver de nouveau un terrain où chacun est bien sera primordial.
Tout comme savoir revenir sur ce qui est acté. Rien n’est figé. Prendre le temps de se poser, et de changer les habitudes est important.
Par exemple, un couple libre durant des années peut redevenir exclusif après s’être mis d’accord pour cela, et inversement. La vie fait que les choses changent, qu’on a parfois besoin de plus de fusionnel par exemple, et pour durer, encore une fois, l’écoute est la base.
Conclusion rapide mais pas définitive
Au final, mon idée est que rien n’est idéal, pas même le couple, mais qu’on peut se rapprocher du meilleur en y mettant de soit. Bien entendu, ce que je décris ici peut très bien ne pas fonctionner, ou entrainer d’autres choses que du mieux. C’est un risque. Mais pour moi, c’est la seule voie qui permette une réelle satisfaction à deux (ou plus, je n’ai pas parlé des trouples, à trois, mais l’analogie est la même). Le dialogue peut entrainer, certes, le fait de se rendre compte que finalement le couple n’est pas viable. Mais dans la majorité des cas, il arrive plutôt à l’inverse !
La fidélité est bien une définition commune que l’on doit d’avoir avec notre partenaire Elle n’appartient pas à la société, mais au couple lui-même. Et elle repose avant tout sur une notion : celle d’égalité.
Reste que le dialogue, la franchise, l’honnêteté envers l’autre n’est pas non plus la transparence totale sur tout. Le « jardin secret » de chacun est a préservé. A vous de juger ce qui doit être partagé.
Oui je ne donne pas de recette toute faite, ce n’est pas mon truc. Et n'oubliez pas qu'avant tout, l'important, c'est l'amour.