Nicolas Sarkozy qui aura passé 5 ans à vanter les vertus du dialogue social alors que celui ci n'a cessé de se dégrader, propose d'utiliser le référendum pour neutraliser les syndicats de salariés. Bel exemple de démocratie sociale !
En octobre 2011 Slovar les Nouvelles vous expliquait comment les organisations patronales concevait le syndicalisme du futur : « (...) le Président de la CGPME régionale affirme : « Quand on a un syndicalisme décadent, il faut le réformer. Celui-ci est trop politique, trop partisan et c'est d'ailleurs pour cela que les salariés ne s'y retrouvent pas » La solution étant selon les organisations patronales : « (...) de favoriser le dialogue avec des personnes représentatives et non plus enfermées dans des bastions » En gros, ce syndicalisme « new look » se limiterait par exemple, à expliquer aux autres salariés pourquoi ils doivent accepter des modifications de leurs horaires ou durée du travail, sans bien entendu, revendiquer d'augmentations de salaires, au nom d'une : « certaine complicité entre l'économique et le social »
Or, à Villepinte, le Président candidat a confirmé qu'en cas de réélection, il aurait recours au référendum au fait que : « (...) les blocages auxquels il a été confronté venaient de certains syndicats (...) qui ont intérêt à l'immobilisme, au conservatisme par crainte d'un monde nouveau qui verrait diminuer leur influence (...) »
En fin de compte, pas de surprise, Nicolas Sarkozy qui n'a jamais voulu imposer quoi que ce soit au patronat est prêt à éliminer toute opposition même légitime à ses réformes en ce qui concerne les salariés !
Ce qui met un point final aux déclarations et engagements que Nicolas Sarkozy a pu distiller pendant son quinquennat !
En 2007, le tout nouveau Président recevant FO et de la CFTC déclarait : « Il n'y aura pas de passage en force sur les dossiers sociaux. Il y aura un respect du dialogue social (...) » Jean-Claude Mailly ajoutant que Nicolas Sarkozy avait : « confirmé qu'il n'avait pas l'intention de faire autrement que de passer par le dialogue social (...) »
La même année, répondant à la CGPME le Président déclarait : « Je souhaite que les cinq prochaines années soient celles d’une revitalisation profonde du dialogue social, parce que je suis convaincu que le temps de la démocratie sociale n’est pas un temps perdu… »
En 2008, il se félicitait d'avoir : « (...) en l’espace de quelques mois, trouvé avec les syndicats des solutions à des problèmes que personne n’avait su résoudre auparavant (...) » vantant son bilan en matière de dialogue social dans une tribune parue dans Le Monde, dont le Nouvel Obs reproduisait des extraits
« Le chef de l’Etat voit dans le récent accord sur la représentativité des syndicats l’annonce de la refondation complète de la démocratie sociale qu’il appelle de ses vœux. Le dialogue social engagé avec les partenaires sociaux depuis un an est un succès (...) Nicolas Sarkozy attribue ces succès à sa méthode consistant à construire un agenda social partagé avec les syndicats et le patronat (...) Le président dit son estime aux dirigeants syndicaux et patronaux, qu’il a pris l’habitude de rencontrer très régulièrement depuis son élection. Nous avons parfois des divergences, mais notre dialogue est toujours franc (...) Je crois à la nécessité des réformes. Je crois à la vertu et à la force du dialogue social. Je crois au rôle éminent de la convention collective à côté de la loi. Je crois à l’esprit de responsabilité des partenaires sociaux (...) »
Donc, en 2012, les syndicats sont devenus des empêcheurs de tourner en rond, et le dialogue social un handicap qu'il est urgent d'éliminer, en ayant recours à un référendum, dès que le gouvernement aura la certitude que les syndicats refuseront de signer ... ce qu'on leur présente !
Référendums qui porteront immanquablement sur la liquidation progressive des droits des salariés. Par contre, l'égalité salariale homme femmes, le respect du nombre de salariés handicapés ou âgés, l'abus de contrats de travail précaires qui relèvent des employeurs seront bien entendu, exclus de toute consultation référendaire !
Eh oui, la compétitivité de la France serait à ce prix ! Néanmoins, ce sera aux salariés de dire, dans 41 jours s'ils adhèrent à cette vision du dialogue et de la démocratie sociale ...
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Paris Match